Hop je viens de refermer Cerebus, il me fallait une belle tranche horaire pour tout finir d'un coup.
J'avais laissé mes premières impressions il y a un bail, voilà vers quoi je lorgnerais si je devais préciser mes pensées.. Merci à la critique d'Aëlooker.
" *Masterpiece spotted*
Je ne sais pas trop par où commencer.
Peut-être par la fin.
En reposant ce deuxième tome de Cerebus (mais premier traduit en français), hier soir, j'hésitais entre la satisfaction et la stupéfaction.
Pour paraphraser une amie native d'une république bananière machiste "quand on découvre l'orgasme sur le tard, on se demande si on doit être heureuse d'être moins conne, ou attérée d'avoir été prise pour une poire si longtemps".
Ca résume peu ou prou ma réaction à cette bande-dessinée. Je ne pige toujours pas comment il est possible que je l'ai acheté presque par hasard, alors qu'il aurait été si facile de passer à côté.
Et du coup, je comprends encore moins comment je n'en avais pas entendu parler auparavant.
Comme l'Amérique qui trainait sur le chemin des Indes, c'est un peu trop gros pour être vrai. Quand on parle en terme de continent ou de série de 6000 pages, on est vaguement sensé ne pas les louper. Ca prend de la place dans le paysage.
Bon, ce premier deuxième tome n'en fait que 500, et il est après tout possible que la suite ne soit pas du même niveau ; après tout, laissons la place au doute.
De quoi c'est-y que ça cause ? Ceberus, barbare de son état, après quelques aventures (narrées dans le premier tome, non traduit, où d'après l'éditeur l'auteur cherche son style en parodiant Conan), retourne à Iest vendre son butin.
S'ensuit son ascension sociale, une élection désopilante, et surtout ses tentatives infructueuses de devenir riche. Ceberus n'est pas exactement un bon samaritain, mais c'est le genre de personnage qu'on ne peut s'empêcher d'apprécier
Misanthrope et irascible, voilà des qualités qui posent son homme.
Enfin, son porc terreux.
Au niveau du style, on est dans une sorte de monde de fantasy à la Bone, où un personnage de cartoon ne parait pas déplacé dans un monde trèès humain.
C'est drôle, c'est foisonnant, on passe du coq à l'âne avec une désinvolture pleine de classe (et de Cafard Lunaire), c'est blindé de références (à des comics, à Groucho Marx...).
C'est long, et pourtant jamais longuet, même si on ne comprend pas ce qui se passe la moitié du temps. Et pour cause, Cerebus est un pantin, pris dans des luttes de pouvoir qui le dépassent.
A l'image de la fin, c'est aussi souvent amer.
L'écriture, en particulier les voix des personnages, est géniale ; le dessin, pas mal, expressif.
Le hic, j'en ai bien peur, c'est que beaucoup ne s'y retrouveront pas.
De la même manière qu'on dit souvent que Corto Maltese est une bédé très littéraire, Cerebus a quelque chose de différent.
Un rythme, un je ne sais quoi qui fait plus penser, disons, à Sterne qu'à Lanfeust quoi.
Pourtant, ce n'est pas chiant.
Tiens, Jimmy Corrigan est une bédé très bien, mais plutôt chiante.
Ici, c'est excellent et jubilatoire.
It's a cock and bull story.
I need mooore"
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