J’ai dit mon enthousiasme à découvrir la folie et le dessin opulent, grotesquement violent de Hanz Kovacq sur son premier tome de Diane de Grand-Lieu. J’ai dit aussitôt combien cette déraison risquait d’être lassante à force d’outrance.
Hilda, ce premier tome d’une autre série de Kovacq me fait le même effet. Je sais que je ne pourrais pas lire l’intégralité sans ressentir une lassitude devant le trop plein, l’exubérance des effets dramatiques et la pornographie de l’histoire.
Mais heureusement que l’auteur a orienté cette surenchère de violence et de sexe vers une tonalité franchement humoristique. Si le lecteur prend cette bédé au premier degré, il vivra une expérience insoutenable tant le récit et les personnages sont monstrueux.
Dans Diane de Grand-Lieu cela représentait un danger davantage potentiel que sur Hilda dont l’histoire prend une tournure fantastique et horrifique presque régressive, que le contexte historique n’adoucit pas vraiment. Par conséquent, Hilda est encore plus ouvertement une aventure foutraque où la farce, l’énormité l’emportent sur le réalisme.
Le trait voluptueux de Kovacq est toujours aussi chaleureux et contribue à déréaliser l’horreur. Non que cela adoucisse le récit ultra violent, mais cela permet de mieux identifier l’aspect comique, farceur de l’histoire. On ne peut raisonnablement pas prendre cette histoire au sérieux et le dessin, bien que très joli, voire esthétisant, participe à la dédramatisation et c’est heureux. La beauté des formes, la texture ouatée, graineuse des matières me semblent singulièrement maîtrisées et expliquent sans doute l’attrait formel, premier qui attire l’oeil.
S’il n’y avait le graphisme de Kovacq, je ne suis pas sûr que j’aurais envie de voir la suite. Je confesse que l’aspect très forcé, très cumulatif, même s’il invite à rire au final, pourrait être fatigant, un brin monotone à la longue. Or, le dessin rend tout cela digeste.
Collection à suivre avec des pincettes donc.
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