Hyperbole, Allie Brosh fait trésor de l’enfance!
Ce n’est ni un roman, ni une BD. Voilà un bouquin hybride qui rentre difficilement dans une catégorie. Et ce n’est pas son seul avantage. Véritable phénomène dans le monde anglophone, Hyperbole d’Allie Brosh sort enfin en francophonie, accompagné d’une sérieuse liste de bonnes raisons de le lire (de nombreuses distinctions comme le Meilleur livre d’humour de l’année, le Prix des Libraires; des milliers de clics sur Google chaque jour et des critiques unanimes).
Hyperbole est donc l’oeuvre d’une talentueuse américaine qui a, à peine 25 ans, a conquis le monde grâce à un blog sur lequel elle a compilé toute une série de souvenirs et d’aventures qui ne peuvent germer que dans la tête d’un enfant. Le blog a attiré, jusqu’à aujourd’hui, plus de 72 millions de visiteurs, sans doute tombé amoureux de ce style très personnel et de ces illustrations réalisées à partir du logiciel PaintBrush. Illustrations qui, on l’avoue, peuvent en refroidir plus d’un: pas loin des « Mêmes » (vous savez ces phénomènes qui pullulent sur le net et les réseaux sociaux), les dessins sont sommaires, pas toujours très beaux et peu raccords avec la réalité (ici Allie ressemble tout au long du livre à un poisson avec un chapeau triangulaire).
Pourtant, on aurait tort de s’arrêter à cette dimension tant, d’une part, on se met très vite à apprécier ces dessins simplistes mais qui font bien résonance à l’univers de l’enfance, et d’autre part, tant les péripéties fantasques d’Allie valent la peine d’être lues. Ainsi, Hyperbole commence par une lettre écrite par Allie pou Allie (vous suivez?), de son moi-de-10-ans à son moi-de-25-ans et esquissant les questions qu’un enfant est en droit de se poser sur son avenir: qu’est-il devenu? et ses parents? ses passions? … et surtout a-t-elle toujours des chiens? Car oui, les chiens, c’est le dada d’Allie. Pire, son obsession. Et c’est sans doute ce qui donne le plus de matière hilarante à ce bouquin. Dont deux chapitres terrassant toute volonté de rester sérieux face à cette perle de l’humour: Comment vérifier si son chien est crétin et débile? (tout un modus operandi à suivre et à respecter à la lettre) ou un guide des concepts de base à destination des chiens, absolument croustillant (« Depuis plusieurs années, vous vivez sous mon toit, dormez dans mon lit, et avez baptisé le moindre centimètre carré de mon jardin. Et à moins que vous ne réussissiez à vous sauver ou à mourir, vous allez vivre avec moi le reste de votre existence. En conséquence, il y a certains principes que vous devrez connaître. La plupart sont très basiques et devraient se passer d’explications, mais étant donné votre absence totale de bon sens, les gars, voici…« )
Au final, Hyperbole est un joyeux retour au goût de l’enfance, toute en insouciance mais aussi en prise de conscience des choses moins drôles de la vie (les affres de la dépression, notamment). Un excellent ouvrage variant aussi autour des questions et angoisses existentielles, et qui toujours, avec beaucoup d’humour, remet du baume au cœur. Loin de la morosité parfois accablante, Hyperbole est de ces livres qui redonnent le sourire en moins de temps qu’il faut pour le dire. Un petit trésor!
17/20
Allie Brosh (traduite par Carole Delporte), Hyperbole, aux éditions Les Arènes, 314 pages, 20,80€