In the Walnut
6.4
In the Walnut

Manga de Tôko Kawai (2012)

Taifu compte parmi les quelques éditeurs français de manga dont j’ai assisté à la naissance. Je vous parle d’une époque où il s’appelait encore Punch, n’était pas encore spécialisé dans la romance homosexuelle, et n’avait pas besoin de créer une seconde entité pour publier justement des manga issu d’une veine plus « classique ».
Pour ma part, il m’arrive de lire des Boys Love, ou des shôjo mettant en scène des relations entre individus du même sexe. A ces publications, je demande soit de nous parler d’amours (impossibles) de manière touchante, soit au contraire que l’orientation sexuelle des protagonistes ne représente qu’un trait de leur personnalité parmi d’autres. Quant à la composante charnelle, je n’y attache strictement aucun intérêt.

In the Walnut appartient à la seconde catégorie, celle des « oui, les personnages sont homosexuels, et alors ? » Et encore, quand je vous dis qu’ils sont homosexuels, cela ne concerne que le couple principal. De plus, les rares scènes de sexe sont rarement explicites. Bref, celles et ceux qui ne lisent des BL que pour les ébats amoureux ne risquent pas de trouver leur bonheur avec ce titre, tandis que les lecteurs qui n’ont pas encore toucher au genre à cause de leurs préjugés trouveront ici une excellente porte d’entrée, sans mauvais jeu de mot.
In the Walnut est avant tout un manga adulte, tournant autour du milieu de l’art et de la contrefaçon, où il s’avère que les deux personnages centraux forment un couple homosexuel depuis leurs années de fac.

Il ne s’agit pas du seul manga abordant le thème de la contrefaçon ; nous trouvons aussi Gallery Fake, inédit en France, et certainement d’autres titres. Mais là où Gallery Fake privilégiait le drame et la narration à une assise crédible, In the Walnut se veut au contraire réaliste. L’art est la passion de la mangaka, et elle profite de son manga pour nous parler de ses peintres favoris, nous permettant de nous instruire au passage ; ce n’est sans doute pas le but premier, mais cela reste un bonus louable que j’ai tout spécialement apprécié. Il reste toutefois toujours étonnant de remarquer que les Japonais n’ont pas nécessairement les mêmes références que nous, concernant des artistes pourtant européens ; par exemple, ils éprouvent un intérêt pour les Préraphaélites qui ne se retrouve pas en France.

Ce manga est bâti d’une façon relativement simple : chaque chapitre est consacré à un tableau, et par extension à un peintre (parfois imaginaire). Bien entendu, l’important sera moins la toile elle-même que les humains gravitant autour de celle-ci, les relations qu’ils entretiennent, et le rôle qu’auront à jouer Tanizaki et son ami Nakai. Le style a tendance à virer au dramatique, puisqu’il est régulièrement question d’héritages, d’escroqueries, d’artistes plus ou moins maudits, et évidemment de contrefaçons. Mais à la différence d’un Angel Heart, nous ne sombrons jamais vraiment dans le pathos indigeste, et les histoires se ferment généralement par une note d’espoir. La série a l’avantage de ne durer que 3 tomes, une durée parfaite car elle permet de couvrir de nombreuses situations, sans pour autant devenir lourd et redondant.
In the Walnut peut aussi compter sur son duo principal : d’un côté le froid et distant Tanizaki, toujours très professionnel mais aussi un tantinet manipulateur, et de l’autre Nakai, plus enjoué et dynamique, pas toujours très fin, mais seule personne capable d’entretenir une relation avec lui.

En seulement 3 tomes, In the Walnut s’impose comme un titre parfait pour découvrir l’univers du BL, mais surtout comme un manga réussi, à la fois touchant et érudit, qui se laisse parcourir sans déplaisir grâce à des protagonistes attachants et des histoires bien écrites. Il ne s’agit ni d’un incontournable ni d’une œuvre d’exception, seulement d’une série mature et agréable. Toutefois, les lecteurs ne supportant pas les personnages androgynes n’arriveront probablement jamais à s’adapter au dessin stéréotypé de Tôko Kawai.
Ninesisters

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