Depuis quelques temps, des collections didactiques sont apparues sur les rayonnages des librairies. Réalisés par de nombreux dessinateurs différents couplés à des scénaristes « spécialistes », ils produisent des bandes dessinées destinées à traiter de sujets divers et variés. Lorsque je suis tombé sur un ouvrage consacré à internet, à la « Petite bédéhèque des savoirs », j’ai décidé de tester la bête et de voir ce qu’elle avait sous le capot. Le choix de l’ouvrage n’était pas anodin : j’ai quelques connaissances sur le sujet sans être un spécialiste. Ce dix-septième tome est réalisé par Jean-Noël Lafargue et Mathieu Burniat.
Le tout démarre assez mal avec… un texte. Pour un livre qui promeut la connaissance par la BD, c’est moyen. Passé cette préface on entre dans le vif du sujet : une fibre optique, coupée par une pauvresse qui ne connaît pas internet, va l’accompagner et lui expliquer ce qu’est, justement, internet.
Le livre cherche à faire le tour du sujet le plus complet possible : histoire, technique, actualité, réseau sociaux, lois… Du coup, rien n’est réellement développé. La quantité d’informations est importante et les auteurs ne laissent pas souffler le lecteur. Le livre s’apparente à une logorrhée mené par le personnage de la fibre. La vieille femme, sorte de Candide de l’Asie Mineure, intervient à peine pour relancer le sujet. Il n’y a pas de chapitres, on est censé tout lire d’une traite ce qui rend l’ensemble peu digeste.
Les auteurs cherchent avec la vieille femme à créer une forme d’humour. C’est léger, ça tombe à plat et ça n’a aucune finesse. C’est finalement dans l’information pure que l’on y trouve notre compte : certains aspects techniques ou historiques ou sur l’évolution d’internet. Mais je me suis posé la question de savoir à qui s’adresse ce livre ?
Au niveau du dessin et de la narration, l’utilisation d’une fibre optique comme personnage qui accompagne un candide paraît complètement anachronique ! Ça rappelle les fiches pédagogiques des entreprises des années 80 ! Quel passéisme ! Surtout qu’au niveau de la narration, il est difficile d’illustrer des pavés de textes et d’informations. Mathieu Burniat fait comme il peut, mais il n’y a pas d’inventivité ou d’humour suffisant. Bref, en tant que BD, cela n’a pas beaucoup d’intérêt.
Le problème de ces ouvrages c’est qu’ils sont par trop didactiques. Trop sérieux, trop complets… « Internet » n’est pas assez précis pour vous servir de référence (il n’y a même pas de chapitres pour retrouver une information par exemple). Et face à certains mastodontes de la vulgarisation (Marion Montaigne en tête) qui apportent un vrai plus à leurs ouvrages, ça ne fait pas le poids. Un ouvrage de bibliothèque plus que de bédéthèque.