Commençons par l'introduction (6 pages en tout quand même!). En fait deux minis histoires croisées, l'une portée sur LL peu intéressante, celle de JJ tout à fait réjouissante ! Cela plante le décor de façon originale et présente une famille de desperado atypique : c'est inspirés de Robin des Bois (et un peu de Shakespeare) que Jesse James, son frère Frank, et son cousin Cole Younger souhaitent accomplir leur destinée.
Car Jesse James est un gangster "romantique" qui a comme obsession de redistribuer les richesses dans les états qu'il traverse. Jesse-des-Bois est un self made man aux valeurs communistes en quelque sorte. Pour qu'il y ait redistribution, il faut des riches...mais aussi des pauvres ! Les auteurs s'amusent beaucoup autour de cette thématique, et nous aussi !
Pour un des derniers grands desperado qui fera l'objet d'un album dédié (après Billy the Kid et Calamity Jane), nous sommes gâtés en action : attaque de train, de banque, "hourrah", guet-apens,...
On pourrait lui reprocher une réutilisation des ficelles déjà éprouvées auparavant : la population versatile, le faux procès, des références trop évidentes.
Côté dessin, il arrive à totale maturité (même si j'ai un faible pour la deuxième moitié Dupuis, plus spontanée/brute) : les cases larges avec la famille James sur leurs chevaux rendent vraiment bien et quelques planches sont hilarantes et autoportantes, telle la 20 sur la pauvreté ou la 38 sur la partie d'échecs avec Jolly Jumper.
Enfin, mention spéciale pour la couv', l'une de mes préférées de Lucky Luke, ce lila unique pour ciel et terre est dans le style le plus expressionniste/synthétiste de Morris, magnifique.
Pour conclure, c'est album est : Bon! (Othello, Acte II, Scène I).