Comme un clin d’œil à l’œuvre de Samuel Beckett dont, rappelons-le, le thème central était la futilité de l’existence, Gilbert Hernandez nous raconte sur quatre générations, cent ans d’une existence ordinaire, celle d’un homme et de sa famille, des paysans de tout ce qu’il ya de plus ordinaires.
Tout aussi réussi que la saison des billes, Julio montre une fois encore tout le talent de Gilbert Hernandez à raconter des histoires simples. Sans se soucier vraiment du contexte historique ou géographique, l’auteur américain s’intéresse avant tout à ses personnages, à leur destin presque ordinaire et à leurs relations, en proposant une description très fine du microcosme social à travers des instantanés de la vie de Julio, avec son lot de joies et de malheurs… surtout de malheurs d’ailleurs !
Sans être jamais démonstratif, Gilbert Hernandez construit un récit tout en ellipses, en suggestions, ce qui a pour effet de rendre la lecture par moment un peu frustrante, voire déconcertante.
Graphiquement, le style reste le même, avec ce noir et blanc et cette belle sobriété qui reste sa marque de fabrique.
Plus désincarné, plus distancié et moins émouvant que ne pouvait la saga « Love and Rockets », « Julio » reste néanmoins une œuvre appréciable et très agréable à lire.