Julio est fils de paysans mexicains. Il vient au monde en 1900 et meurt en l’an 2000.
Entre temps, il voit évoluer le monde dans l’horreur des guerres successives et les grands évènements qui ont marqué notre siècle : les guerres mondiales, le Vietnam, le Sida et le départ vers la ville des jeunes générations. Ce monde s’accélère, devient fou et lui prend tous ceux qu’il aime. Mais Julio vit de manière contemplative et souffre du destin des autres. Sa famille se décime, en parallèle, dans un drame de la mort et de la vengeance qui se joue sur cinq générations.
Julio est un récit triste d’une grande beauté et d’une finesse à découvrir. L’histoire se déroule en 100 ans, décliné sur 100 pages.
Julio nait sous nos yeux et vieillit au fil du récit. Les années passent à un rythme irréel : d’une page à l’autre, la vie s’en est allée. Cette poésie tragique de l’éphémère se marie avec un dessin très expressif qui accuse la dureté de la vie menant à la folie. Le trait puissant de Gilbert Hernandez et son propos ne sont pas sans rappeler Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Les personnages se débattent mais meurent tragiquement, sans possibilité d’avenir.
Julio est peut-être le plus sage d’entre tous.
Critique rédigée dans un premier temps pour la Bpi, lors du Festival d'Angoulême 2015