K.O. à Tel-Aviv, intégrale par louielouie

La ressortie, sous forme d’intégrale, des deux premiers tomes de « K.O à Tel Aviv » nous donne aujourd’hui l’occasion de parler de son auteur, Asaf Hanuka.
Autant vous parler franchement, cet homme possède une capacité tellement originale pour croquer son quotidien que la lecture de son œuvre s’apparente à un véritable tour de manège sur le plus rapide des roller coaster. Un réel OVNI dans le monde de la bande dessinée.
Chez Hanuka, la vie dans toute sa complexité est prétexte à la libération de l’imagination et au surréalisme. Que ce soit les inquiétudes inhérentes à son rôle de père, de mari ou encore de quadragénaire au dos qui craque, Hanuka illustre la vie sous toutes ses formes. Et lorsque l’on vit dans une ville en guerre perpétuelle, les formes prises par ces illustrations peuvent prendre des détours inattendus. En une page et deux coups de crayons, il se retrouve ainsi capable de pointer le curseur sur les causes du conflit Israélo-palestinien, lui donner une vision personnelle en nous invitant à le réfléchir et le penser. Ses questions existentielles sont poussées à leur paroxysme et on s’amuse avec lui de l’absurdité de nos conditions (crédit à payer, quête de sens dans le travail, enfant qui hurle, vie de couple à la dérive…) sans jamais perdre de vue un amour pour sa/cette drôle de vie.
Clown névrosé trouvant une échappatoire dans le dessin, Hasf Hanuka porte quelque chose d’universel dans ses dessins. A travers un regard acéré sur deux mondes (Moyen-Orient, Occident) avec la prise de recul qui va avec, il trouve toujours une manière ironique, parfois cynique et toujours poétique de visualiser ce qui l’entoure. Ses pleines pages d’une rare intelligence nous offre en effet un reflet de certains objets de notre société contemporaine. Tout y passe, le monde des communications est abordé, Facebook, Twitter et culture populaire sont magistralement analysés.
Avec lui, la petite histoire se mêle à la grande. En deux pages on passe ainsi d’un papa attentif fatigué magasinant son épicerie en compagnie de son enfant se rêvant en Superman, à un dessin ultra évocateur sur le temps que l’on a (30 secondes) pour se cacher dans un abri antimissile. Aucun compromis donc chez Hasaf Hanuka qui se trouve toujours là où on ne l’attend pas. Le titre est ainsi parfaitement trouvé car la multiplicité des thèmes abordés dans une folie jouissive nous laisse effectivement K.O.

louielouie
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le 22 août 2017

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