Incursion dans l'univers troublant de « Nobody » par le bédéiste Christian De Metter.
On se souvient de cet auteur pour avoir adapté en BD le livre de Dennis Lehane « Shutter Island ». Cette relecture du livre, absolument parfaite, fait partie d’un corpus constitué de plusieurs autres adaptations de grands romans (Figurec, Scarface, Au revoir là haut…) et il semble que Christian De Metter se soit fait une spécialité dans le genre. Or, à force de côtoyer de grands récits, forcément on en écrit. Alors quand l’auteur parisien nous arrive avec cette œuvre forte, entièrement écrite et dessinée par ses soins, on est fébrile, on regarde attentivement la couverture magnifique et on se laisse happer par un récit tortueux, malin et passablement dérangeant duquel on ne ressort pas indemne.
L’histoire se passe au Montana. Les flics reçoivent un appel. A leur arrivée dans la cuisine d’une maison des plus banales, ils découvrent un homme rustre, bardé de tatouages, mal rasé, revolver en main et chandail tâché de sang. Là, sirotant un bon whisky, ce dernier attend la police en s’accusant du crime qu’il vient de commettre. Un an plus tard, en prison, ce personnage énigmatique reçoit la visite d’une jeune psychologue de formation, chargée de dresser le profil psychiatrique de l’assassin.
Et là, le récit part. En prenant une trame classique (on pense beaucoup au « Silence des agneaux » et à la relation entre Hannibal Lecter et Clarice Starling) l’assassin va raconter sa vie à cette jeune médecin. Entre eux, une complicité se crée et on a accès à un début de compréhension de la personnalité très énigmatique de ce type bizarre, beaucoup plus complexe que ce qu’il veut bien dire ou laisser paraitre. Grâce des allers retours dans le temps savamment orchestrés, l’auteur nous fait voir un envers du décor de la vie et des combats qu’un homme peut mener, et où peut se situer le point de bascule vers l’acte irréparable.
Basée sur les non-dits, l’intrigue prend car on veut savoir. Où est le corps ? Qui a été assassiné ? Pourquoi ? Quels sont les éléments dont dispose la jeune femme ? Plein de questions qui en appellent d’autres donc. Vivement la suite.