Avec L'Abbaye truquée, il semblerait que Fournier commence à trouver son style.
En effet, de gros progrès ont été fait pour ce troisième tome du nouvel auteur. Pour commencer, les couleurs ne sont plus du tout ternes et les proportions des personnages sont bien moins hasardeuses que dans les tomes précédents.
Enfin, c'est joli d'avoir fait des progrès techniques mais Fournier a-t-il aussi réussi à faire un bon récit?
Pour commencer, L'Abbaye truquée est la suite directe de Du glucose pour Noémie. Dans cette histoire le 'Triangle' fait encore des siennes les anciens membres espérant faire renaître leur organisation criminelle que Spirou et Fantasio ont déjoué.
Ceci n'est qu'un fil rouge très vague prétexte à l'action où les facilités scénaristiques comme des bonbons soporifiques, de nombreuses ellipses ainsi que des allers-retours un peu trop nombreux ne montrant que trop bien que l'histoire est aux abonnés absents.
Cependant, cette absence est largement compensée par de très bons gags d'Itoh Kata tous plus farfelus les uns que les autres, un running-gag avec des chapeaux d'illusioniste ainsi qu'un Spip râleur mais ayant un grand coeur.
De plus, le côté James Bond qui était dans l'album précédent est davantage mis en avant dans cette histoire avec une ville-fantôme, un château morbide abandonné aux passages secrets marchant avec des mécanismes ingénieux.
Parlons maintenant des méchants. Charles Atan et Renaldo ont une très bonne dynamique méchant teigneux intelligent/sous-fifre pas futé faisant mouche à chaque fois.
Sans oublier les autres hommes de main victimes des tours farfelus d'Itoh Kata.
Mais, en dehors des gags, ce qui marche le mieux dans L'Abbaye truquée, ce sont les courses-poursuites alternant entre absurdes et haletantes au point qu'on rit en même temps qu'on est inquiets pour les héros.
Par contre gros point noir: en dehors du fil rouge inexistant, il y a quelque chose faisant grincer les dents. Fantasio est devenu un exaspérant peureux. Certes, dans les tomes précédents, il pouvait avoir peur MAIS c'était pour des raisons justifiées/rationnelles. Dans ce tome-là, il va jusqu'à refuser d'aller risquer sa peau pour un ami jusqu'à ce que Spirou le remette sur le droit chemin. Chose qui ne serait jamais arrivée chez Franquin.
Bref, Fournier a fait de gros progrès mais n'a pas encore tout à fait trouvé son style.