Sous les chaudes recommandations d'une amie dont les grand-parents sont pieds noir, j'avais hâte de lire ce road trip d'une jeune femme voulant reconstituer le puzzle d'un passé flou et étranger. Elle m'avait dit que le titre était super vrai, que beaucoup de pieds noirs disaient de l'Algérie que c'était "beau comme l'Amérique", qu'elle avait pleurée en le lisant... Et puis je suis tombé sur quelque chose d'assez consensuel et peu émouvant à mon sens. Tout d'abord, le crayonné est tristounet, gris, peu adapté à la bd et ses petites cases. Le choix des dessins est parfois peu parlant et même maladroit pour illustrer le propos. Quant à la narration elle est plate, linéaire et il y a peu de dialogues, de vie, d'interactions. Que se soit avec le lecteur mais aussi entre les personnages... On a l'impression de lire une espèce de journal de bord d'une adolescente qui fait un voyage en pays maghrébin en se prenant en selfy à chaque étape (bon ok j'exagère un brin). On ne ressent pas l'envie viscérale et profonde de l'autrice de savoir, de renouer avec ce monde inconnu. Ce n'est qu'une passagère dans un no man's land. J'aurais aimé comprendre les tenants et les aboutissants de ce voyage, de cette quête d'identité... Pourquoi si peu d'explication sur l'enfance, le désir indispensable de découvrir ses origines ? En revanche, on apprend des choses sur le FLN et sur l'Algérie et les rapports avec la France, on dépasse la dualité colons/indigènes et ça c'est chouette. Mais il aurait peut-être fallu plus se mouiller, donner un discours et des images plus tranché mais c'était sans doute pour ne froisser personne ?