J'adore le trait minimaliste de Reiser. Quand on regarde ses dessins, on s'aperçoit que c'est surtout du gribouillage intensif, et que c'est bien le contexte global du dessin avec l'aide de quelques signes distinctifs que l'on peut saisir le sens. Son dessin donne aussi l'impression de sculptures grossières et ratées en pâtes à modeler et qui se renouvellent à chaque vignette. J'aime aussi beaucoup le côté expressif de ses personnages : tout est accentué à l'extrême, rien n'est laissé au hasard.


Si graphiquement je jouis littéralement à chaque page, je reste sceptique quant aux gags. Dans la version que je possède, il y a tout un explicatif sur la genèse de cette BD, comme quoi les 20 premières pages étaient destinées à un journal, pour les vacances, et qui l'a ensuite viré parce qu'il allait trop loin dans ses gags. Pourtant cela reste soft, y compris le gag qui fut la goutte d'eau de trop... Sans doute ne me rendais-je pas compte des standard de l'époque, certainement plus pointu qu'aujourd'hui, époque où la violence est omniprésente. Ses histoires sont de bons comptes rendus sur la société de l'époque et c'est d'autant plus intéressant que c'est encore d'actualité, mais parfois, même si je saisis le point de vue, je trouve que c'est maladroitement montré. La préface défend toujours l'auteur en disant qu'il a l'habitude de s'exprimer en plus qu'une page, et que la longueur imposée a dû lui être pénible. Je trouve cet argument peu crédible. Il a échoué un point c'est tout, pas besoin de commencer à justifier le pourquoi du comment. Reiser reste un auteur phare de cette époque, et il fait encore mouche aujourd'hui, mais ce n'est pas une raison pour l'encenser quand il chie une merde.


Bon je m'égare. Si le propos dans les préfaces me gênent, il reste tout de même des informations intéressantes à savoir sur la fabrication de ce livre. Les histoires, donc, pour y revenir, ne font pas mouche systématiquement, mais ça reste toujours très divertissant, et , avouons le, je me suis pris de quelques bons coups de rire.


Bref, La famille Oboulot en vacances n'est pas le meilleur travail de son auteur d'un point de vue scénario, mais ça reste d'un bon niveau et surtout agréable à regarder.

Fatpooper
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le 29 déc. 2012

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