Deux chimpanzés armés de sulfateuses entrent dans un manga et...

Catastrophique. Au poins d'en ressentir l'improvisation de l'auteur d'un chapitre à l'autre. Si j'ai mis deux plutôt que un en guise de note, c'est encore pour le temps passé sur les dessins. Car manifestement, Oku s'est tant investi sur l'aspect graphique qu'il en a oublié jusqu'au reste. Certes, il n'avait jamais brillé par ses talents de scénariste par le passé avec Gantz ; mais ce qu'il délaissait sur le plan de l'intrigue, il le rattrapait largement en terme d'action et d'effet de surprise.


Ici, l'action sera à la mesure du protagoniste : celle d'un vieil homme faisant le double de son âge et indécis sur tout.


Inu Yashiki, l'histoire d'un vieux salary-man sans ambition ni courage qui se retrouve - avec un adolescent - détruit accidentellement par des extra-terrestres et reconstruit avec leur technologie pour devenir une arme de destruction massive sur pattes. Jamais je ne mettrai suffisamment l'emphase sur le caractère dévastateur de le technologie avec laquelle il fut reconstruit.
Il peut voler ? Bien sûr. Résister aux balles et aux explosifs ? Évidemment. Quand même pas projeter des missiles ?! Eh, si... D'ailleurs, si vous voulez tout savoir, au cours d'une scène sans intérêt et sortie de nulle part comme il y en aura tant d'autres (je vous assure que chez l'auteur, l'improvisation n'est pas son fort), Ichiro guérira des gens du cancer par simple apposition des mains. Oui. Sans raison en plus.


Oku s'est-il demandé à un moment donné quel était l'intérêt de suivre un protagoniste qui, non seulement, est virtuellement invincible, mais en plus, peut absolument TOUT faire ? Ichiro transformé en cyborg, c'est Terminator qui fusionne avec Superman et qui se gave d'amphétamines pour pousser ses performances encore plus loin. En face ? Des humains désemparés et des lecteurs qui le sont plus encore.


Nous aurons droit à un massacre en règle de Yakuzas où, sur plusieurs chapitres d'affilés, presque aucun dialogue ne finira par poindre. Même le côté défouloir de la violence n'a aucune voix au chapitre. L'auteur s'était pourtant montré maître en la matière avec Gantz, son manga précédent. Ici, Ichiro casse tout (pour sauver une demoiselle en détresse enlevée par des Yakuzas. C'est juste pour vous situer l'originalité à ce stade...) et il faut s'en contenter. C'est lent, c'est vide, aucune personnalité marquante ne ressort de ce maelstrom de merde ; en dehors des dessins il n'y a RIEN à retenir. Un essai sur la vacuité absolue et le manque d'imagination, voilà ce qu'est Inu Yashiki.


Bientôt, l'adolescent ayant lui aussi été transformé par les extra-terrestres finira par se dévoiler être l'antagoniste principal (et même unique, puisque personne d'autre ne peut tenir tête à Ichiro). Il est bêtement cruel, y'a de la bagarre, Ichiro gagne parce qu'il est le gentil, vous comprenez... et ça aurait pu s'arrêter là. S'arrêter même avant le premier chapitre si ça n'avait tenu qu'à moi ; on ne m'ôtera pas de l'idée que sans avoir publié Gantz au préalable, personne n'aurait donné l'aval à Oku pour publier un manga aussi lamentable.
Dès la lecture du premier chapitre, on passe son temps à attendre que quelque chose d'intéressant advienne. Que l'histoire aille quelque part. Que l'histoire existe tout simplement. En vain. N'attendez rien de ce manga après en avoir lu cinq chapitres : la suite est du même tonneau jusqu'à la fin. C'est si fade que même l'excellente performance technique du dessin informatisé ne pourra rien y faire pour rajouter un semblant d'intensité. Le dessin se contentera de se mettre au service de la médiocrité de l'œuvre. Quel illustre gâchis.


L'ennemi final est un énorme météore venu frapper la terre. Inuyashiki se sacrifie pour l'empêcher de détruire le monde. Sa famille, suite à sa disparition devient plus forte et reconnaissante à son endroit. On va de l'avant. Fin. C'est écrit sans passion ni conviction au point de nous amener à bâiller face à la mort de ce qui se veut le personnage principal de l'œuvre. Personnage pour lequel, en principe, l'on est amené à ressentir de l'empathie. Ne serait-ce que pour le temps passé en sa compagnie. Mais la fadeur prend le pas sur tout au point de susciter l'indifférence sur chaque aspect du manga.


Je suis étonné d'avoir écrit autant sur si peu de chose. Car, au risque de ne pas avoir suffisamment insisté, il n'y a aucune matière à retirer de Inuyashiki. Un bonhomme invincible qui tape des trucs et guérit le cancer quand il s'emmerde sans rien autour. Pas un personnage à sauver, pas une ligne de dialogue, pas une idée narrative, pas un concept : rien. Le désastre absolu. Un désastre tel que même l'invincible Inuyashiki n'aurait su le réparer. C'est vous dire.

Josselin-B
2
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le 23 nov. 2019

Critique lue 850 fois

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Josselin Bigaut

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