Dans un monde proche du nôtre où l’ultralibéralisme et le contrôle à outrance dominent la société, que faire de ceux qui refusent d’entrer dans les rangs et travailler ? Que faire de ces individus qui ne se plient pas à la règle du tout emploi ?
Dans un système où travailler n’est ni un choix ni une chance, où c’est la loi qui le définit comme obligatoire, exposant les "cas" réfractaires à des interpellations musclés par les forces de l’ordre, insultes et dévalorisation par l’opinion publique, et surtout affectation aux travaux forcés (période de travail obligatoire non rémunérée) par la justice.
Dans cette société où les patrons sont juges et bourreaux, où la peine capitale est le licenciement ; dans ce système où tout le monde travaille mais personne ne vit, l’ultralibéralisme assène sa philosophie la plus extrême : l’homme est un produit ; engendrant une question fondamentale : que faire des "stocks défaillants" ?
Humiliations, déshumanisation, misère sociale et économique…
Une dépression latente parcourt tout ce récit autour de la vie répétitive du personnage principal, Fodyl, qui se débat dans ce système auquel il participe malgré lui.
Le graphisme efficace et la bichromie alourdissent le récit grâce à la domination du bleu et du blanc qui apportent froideur et déshumanisation à un monde urbain que l’on voit agité et encombré.
Le noir vient assombrir ce décor sinistre en ajoutant au paysage un peu de l’humanité du personnage : ses doutes, ses cauchemars, sa dépression…
Alors que les oiseaux volent libres et installent leurs nids sur les toits des entreprises, le monde humain, celui du travailleur, se referme et se répète case après case, produisant un huis clos dans la ville.
Une éclaircie viendra-t-elle envahir les pages de cette histoire ? La blancheur et le calme, l’ouverture contre l’enfermement, l’humanité contre la procédure, la campagne face à la ville ?
La BD pose beaucoup de questions sur notre présent et notre avenir :
Qu’est-ce qu’être libre ?
Etre membre du système veut-il dire que l’on y participe ? Qu’elle responsabilité alors ?
Qui est coupable, qui est libre : Le travailleur ou le patron ? Le fugitif ou le prisonnier ? Celui qui respecte les règles ou celui qui les détourne ?
Celui qui reste ou celui qui part ?
L’humain ou l’oiseau ?