Sur: https://branchesculture.wordpress.com/2015/05/17/arsene-lupin-les-origines-abtey-deschodt-galopin-gaultier-tome-2-critique
Arsène Lupin continue, chez Rue de Sèvres, la quête de ses origines dans le deuxième tome de la trilogie scénarisée par Benoît Abtey et Pierre Deschodt et dessinée par Christophe Gaultier. Des auteurs qui font solidement voler la poussière des écrits de Leblanc pour réactualiser un mythe, celui qui (avec Fantômas) est sans doute l’un des premiers héros du mal.
Arsène Lupin en a bel et bien fini avec le bagne. Pris sous l’aile du Comte de la Marche, Arsène continue son éducation de premier ordre à l’internat de la Croix des Wahls. Il s’y est lié d’une amitié indéfectible (du moins le croient-ils) avec Arès del Sarto et Béranger de la Motte. Ensemble, ils forment un véritable petit triumvirat sans peur et avec le bagout de tous les coups, aussi borderline soient-ils. Quitte à entrer par effraction dans le bureau de leur professeur, Saint-Mérande qui semble bien avoir quelques secrets à cacher.
Mais vient l’époque des amours et Béranger et Arsène tombent sous le charme de la même belle. La compétition s’engage, sans merci, et faisant fi des amitiés passées et étiolées et des principes de gentlemen. Les conditions idéales pour mener un complot autour d’Arsène. D’autant qu’à Paris, le Comte de la Marche, le dernier des Justes, tombe dans un traquenard. L’étau se ressert pendant que, bien loin de là, Jacob et Toulouse continuent leur fuite après s’être échappés du bagne, espérant mettre quelques pièces de côtés pour rallier la capitale.
Plus le temps de rigoler, nous nous sommes bien habitués au trait très spécial de Christophe Gaultier, donnant réelle identité à l’aventure et livrant quelques fantastiques tableaux (il faut dire que Gaultier en est à sa troisième adaptation après Robinson Crusoë et Le fantôme de l’Opéra, toujours avec autant de brio). La tension s’instaure dans ce deuxième épisode et devient règle du jeu: un duel à mort entre de la Motte et de la Batte. L’audace d’Abtey et De Schodt fait voltiger le scénario d’un destin à l’autre. Les pièges se referment, la ruse a toute sa place et l’issue semble bien incertaine. Cet Arsène pourrait bien devenir Lupin à tout moment. Même si nous sommes toujours bien incapables de répondre à cette question: Comment l’est-il devenu, ce bandit fantasmé? L’issue n’est pas entrevue, pas amorcée, et c’est très bien. Du très bon boulot des auteurs. Pourvu que la conclusion soit du même acabit!