Je dois vous avouer tout de suite que je n’ai pas acheté ce tome 7 – suite directe du tome 6 – pour la simple et bonne raison qu’une seule douche froide me suffit (cf. critique du tome précédent). Je me suis contentée de le lire dans les rayons du magasin (c’est pas bien mais ça coûte moins cher).
Que dire sur ce nouveau tome à part que Crisse a définitivement abandonné le navire, comme l’envie de faire quelque chose d’épique et de génial qui transparaissait des premiers tomes. Grey maîtrise un peu mieux son sujet, mais c’est vraiment subtil. Les décors sont réduits au minimum requis, les proportions ne sont toujours pas au rendez-vous et les personnages ont de sérieux problèmes d’attitude. Si Crisse aimait tordre les doigts de ses femmes, Grey fait s’accroupir ses héros pour qu’ils puissent discuter entre eux (sérieusement, qui se met dans une telle position pour parler à quelqu’un ?).
Ceci étant, il y a moins de vide que la dernière fois. C’est même plutôt l’inverse. Cette fois-ci, les auteurs ont tellement envie de benner le bébé aux archives qu’ils empilent les évènements les uns sur les autres afin de pouvoir introduire le tome suivant qui nous rapprochera très fortement de la fin. Si dans le tome 6, on pouvait entendre l’écho des pages tournant les unes après les autres, ici, il faut sortir la grue pour pouvoir les soulever tellement le récit est lourd et chaotique. Entre Hadès qui répète 25 fois de lui rendre son casque, les autres qui serinent à Atalante que ce dernier rend fou quand on le met et Heraclès qui n’arrête pas de palabrer pendant qu’il crapahute, tout seul, dans les Enfers ; on n’a plus le temps de se poser, de respirer un bon coup et de regarder le paysage.
Vous allez me dire que je ne sais pas ce que je veux. Je réponds : un juste dosage entre narration, dialogue et respiration. On retrouve ici le même problème que dans le dernier tome de SODA où ça tchatche en permanence, même pendant la course contre la montre finale qu’on ne peut donc pas suivre – et vivre – comme il le faudrait. Ajoutez à cela les transitions hasardeuses (les argonautes ont à peine quitté la terre d’Hadès qu’ils sont déjà de nouveau à terre, sans même avoir accosté) et vous obtenez un tome plutôt indigeste, et à peine meilleur que le précédent.
Pourquoi 5 me direz-vous ? Parce que j’ai moins l’impression de « payage » de fiole du tome 6 où on voyait se multiplier les double-pages sans dialogue, sans rien. Ceci dit, on sent quand même la volonté commerciale de faire 3 tomes au lieu de 2 pour clôturer la saga (ou 4 au lieu de 3, dans le pire des cas). On allonge la sauce sur le tome 6 pour finir sur un cliffhanger qui force les lecteurs à acheter le tome 7. Dans celui-ci, on se dépêche de terminer la première intrigue dont on se fiche totalement puisqu’il concerne un obscur marin dont on n’a jamais fait vraiment attention avant (désolée mais, entre Calaïs/Zétès et Raksos, y’a pas photo niveau présence) et on embraye sur le grand final en Colchide, avec une romance à deux noises qui tombe comme une perruque dans la soupe.
En fait, ça devrait être un 4 et demi, mais je refuse de mettre un petit cœur à côté de cette BD.