Enfant du soleil, Tu parcours la Terre le ciel, Cherches ton chemin, C'est ta vie c'est ton destin



  • O Pachacamac, puissant astre du jour, toi qui as fait le monde, toi le dieu qui l'anime, frappe ce bûcher de tes rayons vengeurs !...

  • Arrête, ô Huascar !... Tes invocations ne seront pas entendues par le dieu souverain. Et toi ô puissant Soleil, montre à tous, par un signe tangible, que tu ne désires pas notre mort.

  • Silence ! Chien d'étranger !... De quel droit oses-tu t'adresser au Soleil ?

  • O sublime Pachacamac ! Je t'adjure de manifester ta toute-puissance !... Si tu ne veux pas de ce sacrifice, voile ici, devant tous ta face étincelante...

  • Pauvre petit ! Il a perdu la raison !

  • Mais non, mais non : votre chapeau est très beau, lui aussi.

  • Merci, ô astre souverain !... Merci, ô Soleil !... Tu as entendu ma prière... Voici que tes rayons déclinent...

  • Mais... Mais, ma parole, il a raison... Que se passe-t-il ?... Est-ce que je deviens fou, moi aussi ?... C'est de la sorcellerie !...



Les aventures de Tintin Le Temple du Soleil est la suite des 7 Boules de cristal, cet album se présente comme une course-poursuite endiablée à la recherche du professeur Tournesol. Un jeu de piste sous action constante envoyant Tintin, Haddock, Milou ainsi que le jeune guide Zorrino à la découverte du Pérou sauvage et de l'Empire inca, censé avoir été exterminé durant la conquête espagnole au XVIème siècle. Avec cette suite, Hergé abandonne l'atmosphère inquiétante et frissonnante des 7 Boules de cristal, pour lancer Tintin et sa troupe dans une aventure pleine de rebondissements et d'humours comme ils en ont l'habitude. Toujours avec un esprit " découverte de nouveaux lieus et de décors passionnants ", Le Temple du Soleil s'inscrit comme une suite réussit, contrastant totalement avec Les 7 Boules de cristal, amenant enfin une conclusion à cette terrible histoire de momie inca.


Avant de se retrouver dans la partie la plus intéressante du récit " la découverte du Temple du Soleil ", Tintin, Milou et Haddock passent par une multitude de périples orchestrés par des descendants du peuple inca, qui ne veulent pas qu'ils retrouvent le professeur Tournesol. Après avoir survécu au fameux piège du train (une séquence grandement réussit servant de scène culte au générique de la série animée), nos héros se retrouvent face à une population inhospitalière plongée dans le mutisme, refusant de donner la moindre information pouvant aider, de peur d'en subir les conséquences. C'est alors que Tintin sauve Zorrino un jeune garçon marchand d'oranges, des mains de deux individus le brutalisant juste pour le plaisir. Zorrino pour remercier Tintin les guidera jusqu'au fameux Temple du Soleil. S'ensuivra une longue marche de plusieurs jours dans une nature hostile, où nos héros seront attaqués à plusieurs reprises par des Indiens, mais aussi par un puissant condor, un serpent géant, des alligators affamés et même un ours (décidément pas de chance). Autant dire que Tintin et Haddock usent beaucoup de leur fusil.


Une fois tous les obstacles passés, Tintin découvre par hasard un passage sous une chute d'eau s'enfonçant dans les entrailles de la terre menant à un tombeau inca, dont une entrée secrète amenant directement au trône du Temple du Soleil. Accusés de sacrilège, Tintin et sa troupe sont condamnés aux buchés, où Tournesol les attend. Bien que l'espoir ne semble plus permis, Tintin va avoir une idée de génie à la lecture d'un journal, certainement son plus joli coup de bluff. Une séquence culte parmi les lecteurs de Tintin, où celui-ci joue au Dieu du Soleil grace à une éclipse providentielle, ce qui aura pour résultat d'être délivré, et d'enfin pouvoir découvrir le secret se cachant derrière les 7 boules de cristal, et la malédiction des 7 bougres provenant de l'expédition Sanders-Hardmuth. La boucle est bouclée. En prime on a même droit à un petit détour dans les fameuses Cités d'or.



" - Voilà sept statuettes de cire. Chacune d'elles représente un des hommes dont vous m'avez demandé la grâce. C'est d'ici, de ce sanctuaire, que par magie, nous les faisons souffrir. C'est d'ici que nous allons mettre fin à leur supplice...
- De l'envoûtement !... Je m'en doutais!... Mais les boules de cristal, à quoi servaient-elles ?
- Ces boules contenaient un liquide sacré, tiré de la coca, qui plongeait les victimes dans un profond sommeil pendant lequel le Grand Prêtre les tenait en son pouvoir jusqu'au moment où l'envoûtement commençait... "



Avec cette aventure Hergé s'engage une fois de plus à quelques fondements existentiels, n'hésitant pas à montrer un enfant (Zorrino) persécuter par des adultes dans une gratuité affligeante, ou encore démontrant les effets secondaires néfastes par le comportement agressif des Incas envers les étrangers à cause de l'oppression espagnole. Un lourd passif de haine et de domination, une plaie jamais guérie, pouvant conduire n'importe quelle minorité ethnique à être oppressif. Une évolution lucrative offrant toujours plus de maturité au récit, amenant de véritable réflexion à l'image, ainsi qu'un contraste évident entre la fiction bon enfant d'Hergé, et le réel.


Une fois encore, on voyage beaucoup sous la direction d'Hergé qui dans un souci d'authenticité livre un coup de crayon fantastique mettant en valeur les anciennes civilisations du Pérou. Une mise en scène de qualité proposant une reconstitution des coutumes, des costumes, des bâtisses, et des habitants qui la compose. Les décors contrastes énormément entre des montagnes glaciales, une jungle oppressante, jusqu'à arriver au Machu Pichu avec ces arrière-plans magnifiques de cimes enneigées. Sans oublier les déboires des Dupondt les conduisant jusqu'à la tour Eiffel à Paris, et plus loin encore.


Tintin est ici fidèle à lui-même courageux et intrépide pouvant ENFIN recompter sur sa chance légendaire qui l'avait quitté dans Les 7 Boules de cristal. Le capitaine Haddock est ici bien malheureux, agressé tout du long de toute part, par la nature avec des avalanches, des cactus, des chutes de toutes sortes, et comme si cela ne suffisait pas, également par plusieurs animaux (lézard, singes, fourmis, alligators, ours...), dont des lamas particulièrement démoniaque pour lui (se faisant cracher dessus plus d'une fois). C'est d'ailleurs Haddock qui aura le mot de la fin dans Le Temple du Soleil puisqu'il se vengera en crachant à son tour de l'eau sur un lama. À noter qu'une planche mettant en avant le capitaine Haddock dans le fameux tombeau entrain de ramasser des pépites d'or à même le sol, présenté par Hergé dans la prépublication de l'aventure dans le journal de Tintin, ne fut pas repris dans l'album. Le vice de l'alcool fait déjà défaut au capitaine, ne lui rajoutons pas l'avarice. Le professeur Tournesol et les Dupondt font ici de la figuration, au même titre que Milou (fait rare). On croisera une floppée de nouveaux personnages comme Huascar grand prêtre du Soleil, L'Inca représentant du pouvoir suprême, et le plus intéressant de tous Zorrino.


CONCLUSION :


Les aventures de Tintin Le Temple du Soleil, est un album concluant efficacement le diptyque commencé par Les 7 Boules de cristal. Prenant dans sa composante une direction opposée au premier album, Hergé présente un récit riche en péripéties, avec une présentation florissante du Pérou. Sur un coup de crayon éclatant, Tintin nous propulse dans une histoire entraînante prenant vers la fin une allure de péplum. La conclusion est l'une des meilleures du jeune journaliste, qui avec un bluff grandiose fait croire en son pouvoir de communication avec le Dieu Soleil.


Le Temple du Soleil est la promesse de terres lointaines, peuplées de légendes mystiques et de richesses.

B_Jérémy
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Classement du meilleur au pire de toutes les bandes dessinées

Créée

le 22 avr. 2020

Critique lue 2.1K fois

53 j'aime

59 commentaires

Critique lue 2.1K fois

53
59

D'autres avis sur Le Temple du Soleil - Les Aventures de Tintin, tome 14

Du même critique

Joker
B_Jérémy
10

INCROYABLE !!!

La vie est une comédie dont il vaut mieux rire. Sage, le sourire est sensible ; Fou, le rire est insensible, la seule différence entre un fou rire et un rire fou, c’est la camisole ! Avec le Joker...

le 5 oct. 2019

172 j'aime

142