Bd historique au temps de la France occupée, nous nous retrouvons dès le début en prison, où la jeune et jolie Jeanne attends derrière les barreaux de savoir ce qu'on fera d'elle. Dénoncée pour marché noir, Jeanne est en réalité une résistante doublée d'une communiste ( dont le béret qu'elle porte revêt la couleur rouge souvent associée). Ce pourrait bien être la fin de sa bataille, mais l'arrivé d'un voleur en prison change la donne. François est un gredin maniéré, à la Arsène Lupin, et malgré une tendance égocentrique, aide Jeanne à s'échapper pat les toits. Déjà que leur entente est houleuse, lorsque Jeanne se foule une cheville, peu habituée à parcourir les toitures parisiennes, Francois pense abandonner là. Mais un coup d’œil au porte-feuille de la jeune femme change alors sa perspective de l'affaire. On en sait pas de quoi il s'agit avant un long moment, mais dès lors, Francois s’évertue à aider Jeanne à se cacher et même, à retrouver la trace de Mathilde, la sœur de Jeanne, résistante potentiellement en danger d'être arrêtée elle aussi. Le drôle de couple fini sur le péniche Himalaya, à la fois outil et demeure d'une petite famille. Thérèse, René et Nicholas, leur fils. Un peu simples d'esprit, mais le cœur sur la mains, ils acceptent d’héberger la jeune femme. Les choses pourrait alors mal tourner: des nazis inspectent leur bateau, au risque d'y trouver la résistante.
Premier d'une duologie, le premier tome nous présente un petit monde dans une immense ville où les français ne sont plus maitres chez eux. Si au départ on comprend que Jeanne est dans le pétrin, l'histoire prend ensuite une autre tournure: celle de trouver celui ou celle qui l'a dénoncée tout en cherchant les traces de Mathilde, qui est elle-aussi en danger. Mélange entre course contre la montre et tranche de vie, c'est une histoire somme toute simple, mais qui est intéressante par les relations entre les personnages et les enjeux sociaux d'une nation occupée par l’ennemie ( à très petite échelle , bien sur).
Jeanne est volontaire, souvent apeurée, mais déterminée. Francois est cynique, un peu imbu de lui-même et opportuniste. Ça fait donc un drôle de duo qui a tendance à se chamailler, mais qui en fin de compte forme une paire efficace. La petite famille du Himalaya aussi est attachante, avec leur esprit simple, leur grande générosité et leurs chicanes de couples souvent puériles.
Je cherche encore la signification du titre, cela-dit. Je pense que ça fait référence à François.
Le dessin est vraiment très beau, tout en couleurs chaudes et terre, avec une insistance sur le bleu des yeux, le vert de la veste de Jeanne et son béret écarlate. C'est difficile de ne pas apprécier un pareil talent, que j'avais découvert via la série "Mattéo" du même auteur. Ça vaut la peine de lire ces Bd ne serait-ce que pour la qualité graphique qu'on y trouve et le charme de couleurs.
Néanmoins, l'histoire aussi est intéressante. Pas haletante ou très poussée, mais justement, c'est charmant de rester avec peu de personnages et une trame simple. Une belle petite trouvaille.