Criticakouatique
Le voyage de l'incrédule donne un rôle plus important au père de Philémon qui, même entraîné sur les lettres, persiste à réfuter l'existence de ce monde surréaliste. Fred se montre ici plus soucieux...
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le 8 févr. 2012
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Aujourd’hui, les amis, je vous partage un trésor. Philémon, c’est de l’or en barre, un concentré de bonne humeur, l’antidote ultime aux accès de morosité, du voyage immobile, de la poésie illustrée, du rêve à préserver et partager…
Dans un monde rural, sec et pierreux, qui pourrait être le Massif Central de nos grands-parents ou les Alpes de Haute-Provence de Pagnol et de Giono, vit Philémon. Le jeune gaillard dégourdi et désœuvré, doux et rêveur, maladroit et généreux, loge chez son père, avec Anatole, un âne bavard, sarcastique et accro aux chardons. Dans le premier tome, il a volé aux secours de Monsieur Barthélémy, le puisatier disparu depuis vingt ans au fond d’un puits. L’explication fut donnée par l’oncle Félicien : Barthélémy était prisonnier du monde du “A”, l’univers magique et irréel des lettres de l’Atlantique. Depuis, le Robinson n’aspire qu’à y retourner. Seul problème, s’il est possible de rejoindre, par magie, l’une des iles, le “passage“ ne peut servir qu’une fois ! À Philémon de dénicher un chemin de retour.
L’incrédule, c’est Hector, qui projeté sur l’ile des Souffleurs, refuse de croire, voire même de voir ce qu’il voit ! Fred est un poète. Si le premier album pouvait apparaître comme une série de jeux de mots, d’écriture automatique et de “non-sens“ mis en images, ce n’est plus le cas, l’artiste a appris à développer de véritables histoires.
Alors que Philémon est coincé dans cage de souffleur, Hector est pris pour un machiniste de théâtre. Tous deux sont capturés par une troupe de comédiens barbares et embarqués, de force, sur leur vaisseau-théâtre. Mais, déjà, s’assemblent les féroces critiques. J’adore les criticakouatiques, leurs faces sévères, leurs confortables fauteuils et leurs phrases assassines.
Le dessin est excellent, les visages expressifs, les attitudes justes et le trait hachuré rappelle celui des graveurs d'antan. Les couleurs pastel et l’inspiration psychédélique fleurent bon les seventies hippies. La pièce est jouée, les criticakouatiques sont hostiles et, bientôt, torpilleront troupe et vaisseau-théâtre. La critique est aisée, mais l’art est difficile.
P.S. Dessiner du bonheur pour les autres ne protège pas nécessairement l’auteur. Fred connaîtra une très grave dépression. Il en sortira, tardivement, par le dessin. On doit à cette graphithérapie le fascinant Histoire du corback aux baskets. Foncez !
2019
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le 19 mai 2017
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