Mon voisin Totoro
7.8
Mon voisin Totoro

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1988)

Je dois à Hayao Miyazaki mon passage à l’âge adulte. Il était temps, j’avais 35 ans. Ne vous méprenez pas, j’étais marié, père de famille et autonome financièrement. Seulement, ma vision du monde était manichéenne, formatée par une overdose de productions Disney. Mon monde se partageait entre les méchants – la mauvaise fée, le capitaine Crochet, les terroristes, dealers et percepteurs, je ne suis pas sûr pour les percepteurs – et les bons – Blanche Neige, Peter Pan, l’abbé Pierre et mes amis –.


Puis, vint la découverte, dérangeante, mais oh combien fascinante, de la complexité avec Le voyage de Chihiro, Porco Rosso et Princesse Mononoké. Pas de méchants dans ces histoires, mais des sorcières capricieuses, des divinités blessées, une guerrière féministe, autant d’adversaires coriaces aux motivations compréhensibles… Le Mal en prenait pour son grade. Le mal était en moi, en lui, en nous tous.


Je n’étais pas au bout de mes peines. Mes filles adorent Mon voisin Totoro. Non seulement le casting de ce dessin animé ne compte pas de « méchant », je m’y attendais, mais le scénario est dépourvu de combats, de quêtes… Rien à commenter… ou presque. Jugez par vous-même : afin de se rapprocher de leur mère malade, deux petites sœurs s’installent dans une veille maison, à la campagne. Nous les suivons dans la découverte de leur nouvel univers, les rizières et les potagers, les voisins et l’école, le gigantesque camphrier et ses habitants. C’est tout.


Il suffit que les crayons de Miyazaki animent deux petites filles pour que je « plonge » ! C’est fou. Les gamines courent, rient, font la roue, s’interpellent. La petite singe la grande. La grande protège la petite. Hier soir, au côté de Satsuki et Mei, j’ai « plongé » et retrouvé une âme d’enfant. J’ai crié dans le grenier pour exorciser ma peur. J’ai trotté dans la maison à la poursuite des noiraudes. J’ai ramassé des glands et des fleurs sauvages. J’ai joué avec la pluie. Miyazaki est un génie. J’ai rencontré Totoro. J’hésite à vous le décrire, vous allez vous moquer de moi. Totoro… et le chat-bus. Difficile à croire, je l’admets. Ne le répétez pas.


J’ai encore plongé…


Filmographie de Miyazaki

Créée

le 20 nov. 2017

Critique lue 3.7K fois

123 j'aime

12 commentaires

Step de Boisse

Écrit par

Critique lue 3.7K fois

123
12

D'autres avis sur Mon voisin Totoro

Mon voisin Totoro
Before-Sunrise
10

Parce que j'ai 6 ans.

Totoro est sans doute mon Miyazaki préféré (avec Ponyo). Certes, il en a fait des plus classieux (Porco Rosso), des plus fouillés (Chihiro) ou des pleins de messages (Mononoké) mais celui-ci...

le 27 juin 2011

188 j'aime

57

Mon voisin Totoro
Sergent_Pepper
9

Evidence sur veillée.

J’ai souvent emmené mes enfants au cinéma, je les mets régulièrement devant un grand classique. C’est un moment important durant lequel je tente de leur ouvrir les yeux sur ce qui peut exister de...

le 19 oct. 2017

172 j'aime

16

Mon voisin Totoro
Black_Key
10

Le bonheur est dans la forêt

Mon Voisin Totoro, c'est une perle de douceur d'1h30. C'est un film qui nous rappelle ce qu'est l'innocence, la beauté, l'insouciance. Mon Voisin Totoro, c'est une plongée dans le Japon des années...

le 12 mars 2015

134 j'aime

22

Du même critique

Gran Torino
SBoisse
10

Ma vie avec Clint

Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...

le 14 oct. 2016

127 j'aime

31

Mon voisin Totoro
SBoisse
10

Ame d’enfant et gros câlins

Je dois à Hayao Miyazaki mon passage à l’âge adulte. Il était temps, j’avais 35 ans. Ne vous méprenez pas, j’étais marié, père de famille et autonome financièrement. Seulement, ma vision du monde...

le 20 nov. 2017

123 j'aime

12