Paul Bernodet, la petite cinquantaine, est un viticulteur reconnu. Etabli à Morey-Saint-Denis, en Bourgogne, ce grand professionnel, apprécié de tous, exploite le "Clos du Pré Pentu", un domaine viticole prestigieux qui est dans sa famille depuis quatre générations. Les meilleurs millésimes de ce vin dépassent aujourd’hui 200 euros la bouteille, tandis qu’une grande partie de la production annuelle est destinée à l’exportation. On pourrait donc croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et pourtant, Paul Bernodet est sur le point de tout lâcher. Assis sur un banc du centre-ville de Beaune, le viticulteur semble complètement perdu. Pire même: il décide de jouer son destin à pile ou face. Si c’est pile, il se débarrasse de tous ses biens matériels. Si c’est face, il abrège et il disparaît… Heureusement pour lui, c’est pile! Quel est le lourd secret qui ronge Paul Bernodet? Qu’est-ce qui peut bien amener un passionné comme lui à mettre en vente ce qu’il a de plus cher au monde, à la plus grande surprise de toute la communauté locale? Cette question, Géraldine Leroy-Barreyre se la pose aussi. La journaliste spécialisée dans le vin décide d’interviewer Paul afin de mieux comprendre les raisons de sa volonté subite de tout plaquer. Celui-ci tente de noyer le poisson, mais la journaliste ne tombe pas dans le panneau: elle sait très bien qu’il ne lui dit pas toute la vérité. Résigné, Paul Bernodet accepte alors de lui raconter ses réelles motivations, mais en y ajoutant une condition: Géraldine doit l’aider à faire toute la lumière sur une affaire vieille de trente ans. Le viticulteur demande à la journaliste d’enquêter sur l’accident de la route qui a entraîné la mort d’Hélène Janson, une femme dont il était fou amoureux lorsqu’il était jeune. Rapidement, Géraldine découvre que Paul n’était pas le seul à entretenir une liaison avec Hélène et qu’une véritable rivalité amoureuse existait entre lui et son ami Jean-Michel Froideval, un autre vigneron de la région. Comme par hasard, celui-ci se montre très intéressé par le rachat du "Clos du Pré Pentu". La journaliste parviendra-t-elle à dénouer tous les fils de cette énigme?
Depuis quelques années, les éditeurs ont découvert un nouveau filon: les bandes dessinées sur le vin. Ce phénomène touche même le manga, comme le prouve le succès de la série "Les Gouttes de Dieu". Le scénariste français Eric Corbeyran est carrément devenu un spécialiste en la matière. Il multiplie ce qu’on pourrait appeler les BD de terroir, avec des séries telles que "Château Bordeaux", "Le sang de la vigne", "Cognac", "In Vino Veritas" ou "Bodegas", pour n’en citer que quelques-unes. Ce n’est plus une bibliographie, c’est une carte des vins! Rien d’étonnant, du coup, à ce qu’on retrouve à nouveau Corbeyran aux manettes de "Clos de Bourgogne", une nouvelle collection de one-shots qu’il signe en tandem avec le dessinateur espagnol Francisco Ruizgé, au style classique mais efficace. Le résultat est plutôt réussi, puisque ce premier tome, intitulé « Le Monopole », est un thriller viticole rondement mené, avec des personnages crédibles et une histoire haletante. Comme c’est le cas pour les vins, on trouve de tout parmi les bandes dessinées de terroir: certaines sont des grands crus classés, alors que d’autres font hélas penser à de la piquette qui donne mal à la tête. "Clos de Bourgogne" se situe quelque part entre ces deux extrêmes: ce n’est pas forcément un millésime inoubliable, mais c’est un bon petit vin qui réjouit les papilles.
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