Monika est à la fois une artiste et une oeuvre d’art. Artiste contemporaine, cette jeune femme n’hésite pas à se mettre en scène dans ses créations et utilise sa plastique de rêve pour créer des installations à base de vidéos. Théo, son meilleur ami, est un informaticien de génie. Dans l’atelier secret de sa maison de campagne, il travaille à la conception d’un androïde ultra-perfectionné en se basant sur un doigt bionique volé dans un laboratoire au Japon. Théo aide également Monika à retrouver la trace de sa soeur Erika, qui a disparu depuis plusieurs années. Après avoir hacké le disque dur d’Erika, Théo découvre qu’il existe un lien entre cette dernière et l’homme politique Christian Epson, figure montante de la gauche et chouchou des médias. En accédant à sa messagerie, Théo se rend compte qu’Epson a une face cachée: malgré son étiquette de « monsieur propre » de la politique, le beau Christian fréquente régulièrement un club privé échangiste nommé Eleusis. Monika y voit une occasion inespérée d’enfin retrouver sa soeur. Pour accéder à Epson, la jeune femme va donc se construire une nouvelle identité: celle de Kate. Coiffée d’une perruque blonde et (peu) habillée d’une tenue mettant en valeur ses formes généreuses, elle ne tarde pas à séduire le jeune politicien lors d’un bal masqué qui n’est pas sans rappeler « Eyes Wide Shut » de Stanley Kubrick. C’est le début d’un jeu dangereux, qui va mener Monika et Epson dans les griffes des Brigades Crucis, un mystérieux groupe terroriste qui affirme vouloir défendre l’ordre et la morale, et restaurer l’identité du monde occidental. Et si ce n’était pas une bonne idée, après tout, de vouloir retrouver Erika?
Dans la foulée du succès de « Cinquante nuances de Grey », la scénariste Thilde Barboni et le dessinateur Guillem March jouent la carte de l’érotisme pour signer un suspense plein de faux semblants et de mystère, dont l’héroïne principale semble avoir plusieurs personnalités. Il faut dire qu’elle a de quoi être perturbée, puisqu’elle cache un lourd secret lié à son enfance et au décès accidentel de ses parents. Reste à savoir lequel… et comprendre pourquoi sa soeur lui en veut à ce point. Au début, on se dit que c’est du déjà vu et que cette histoire est avant tout un prétexte pour permettre au talentueux Guillem March de dessiner de belles jeunes femmes dénudées. Mais après une entrée en matière un peu difficile, on découvre petit à petit une intrigue bien construite et on se rend compte que « Monika » est en réalité un véritable thriller, plus proche de « Basic Instinct » que de « Cinquantes nuances de Grey ». Au fur et à mesure de l’album, on ne tourne donc plus seulement les pages pour admirer les dessins tout en sensualité de Guillem March, mais aussi et surtout pour connaître la suite de l’histoire, dont on connaîtra la fin en septembre prochain, lors de la parution du deuxième et dernier tome. Avec malgré tout un petit bémol: les couleurs choisies par March, qui utilise beaucoup de turquoise et de rose, ne sont pas toujours des plus réussies. Elles donnent certes une ambiance particulière à l’album, mais souvent, elles sont plutôt fades.
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