AVERTISSEMENT : cet album fait partie d'un diptyque, il faut donc lire cette chronique avant celle concernant sa suite, Le Ciel est rouge sur Laramie.


La grande connaissance de Greg sur les coutumes et la vie du Far West de la grande époque lui permet une peinture non déguisée et très réaliste de certains problèmes, en l'occurrence ici les "outlaws", les pilleurs de diligences et les voleurs de bétail.
Après avoir mis en place tous les éléments dans les 2 premiers albums, Greg peut peaufiner un scénario très prenant, malgré un sujet assez classique : la série prend de plus en plus de corps, on sent une solidité dans les personnages principaux, Comanche y est de plus en plus belle, Dust sait vraiment y faire avec ses colts, les comparses ne jouent pas que les utilités, et les gros seconds rôles comme Braggshaw et Russ Dobbs sont parfaitement typés. Bref, tout est en place pour cet épisode qui se révèle excellent.
Greg appuie sur l'aspect crépusculaire qui sévissait dans les westerns hollywoodiens à l'époque, il a également acquis assez d'assurance avec cette série pour qu'il puisse installer son style : le cynisme des répliques et le ton ironique de certains dialogues très perceptible dans cet épisode, et auquel il a habitué les lecteurs du journal Tintin dans ses autres séries réalistes comme Bruno Brazil et Bernard Prince qui sont les plus représentatives de cette tendance.
Avec les frères Dobbs, Greg peut décrire de sinistres crapules et dresser de beaux portraits de salopards tels qu'on en voyait dans le western italien, dont le plus redoutable, Russel Dobbs, obligera Red Dust à exercer une traque dans l'album suivant. Ainsi, Greg se sert des 2 apports exercés par les westerns hollywoodiens des années 70 et les westerns spaghetti de Corbucci, Tessari ou Sollima, car ici, c'est le côté crapuleux qui ressort, détail moins abordé par Sergio Leone.
De son côté, Hermann est au summum, son style graphique atteint des sommets, bien supérieur à ce qu'il a fait dans ses séries ultérieures ; je préfère amplement son dessin à cette époque sur Comanche et même sur Bernard Prince que ce qu'il fait en couleurs directes de nos jours. Ses scènes d'action sont vivantes, ses cadrages dynamisent l'action, son trait est puissant et fouillé, et il offre des images sublimes à l'instar de la dernière image en pleine page, véritablement superbe. Un album de grande qualité qui trouvera son écho dans le suivant.

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le 24 oct. 2020

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Ugly

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