Souvenir très lointain : je ne me rappelle plus où, mais j'ai le souvenir d'avoir dévoré une intégrale des Pieds Nickelés de Pellos. J'étais en vacances, un peu désœuvré, quelque part, je ne sais où.
Ce qui m'avait beaucoup plu, c'était le mouvement perpétuel de leurs aventures, ce dynamisme forcené qui ne cessait de faire bouger ces Pieds Nickelés, ces mésaventures un brin anarchisantes, en dehors des clous de cette bande de ratés au langage argotique aussi antique qu’amusant et qui ne perdent pas pour autant l’espoir de réussir le gros mauvais coup. La foi revendiquée de ces malfrats maladroits et pourtant ingénieux m'est sympathique.
Trente ans plus tard, je retrouve dans la lecture de ce premier tome de l'intégrale tous ces ingrédients politiquement incorrects, surtout finalement farceurs. Oui, les Pieds Nickelés représentaient sans doute ce que la bédé pouvait produire de plus corrosif et de plus proche de la farce, au sens noble du terme, ce comique irrévérencieux, parfois grotesque, toujours excentrique.
Cette première aventure, Les Pieds Nickelés banquiers, souligne ce côté anar, provocateur, gentiment provocateur bien sûr, on n'est pas non plus dans un discours politique grave, la bédé s'adressant aux mômes.
J'ai beaucoup aimé retrouver dans cet épisode de Pellos, bien détaillé, très rond, encore empreint de la tradition des caricatures et des illustrations du XIXe siècle, très français j'imagine aussi, sans parler de cette morgue de chenapans amoraux qui caractérisent ces bons personnages. Ils ont tout de l'enfance, de Guignol, jusqu'à l'inimitié qu'ils nourrissent pour tout ce qui porte un uniforme et une matraque. Vivement la suite!
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