Les Satellites par pilyen
La jeunesse de la vraie bourgeoisie parisienne s'ennuie grave. Elle a besoin de s'étourdir un peu la tête pour s'échapper du carcan du triangle Neuilly/Auteuil/Passy. C'est le cas d'Aurélien et Nicole, les deux héros de "Les satellites". Ils sont frères et soeur, étudiants, habitent dans un univers qui connaît mieux le lambris doré que les meubles Conforama. Ils sont un peu las, blasés. Nicole est vaguement amoureuse d'Henri parce qu'il est riche, porte costume et raie sur le côté. En fait, celui qu'elle aime, c'est Aurélien, son frère, d'une passion non dite et non consommée (bien sûr). Le jour où ce dernier annonce qu'il va rechercher une mère adoptive et qu'il la trouve via Libération, le journal aux "lectrices cultivées, tolérantes et ouvertes aux autres", la jalousie mêlée d'incompréhension va s'emparer de Nicole.
Le thème de départ est intrigant et, on peut le dire, original. C'est bien sûr une drôle d'idée de rechercher une nouvelle mère quand on en a déjà une bien vivante, mais il faut bien que bourgeoisie s'encanaille. Et quand la nouvelle maman d'adoption s'avère relativement jeune (40 ans), riche (évidemment), jolie et consommatrice de fils adoptifs, l'histoire devient un peu plus ambigüe, mais pas pour très longtemps.
Car, et c'est peut être la critique que je ferai à ce roman graphique, la dernière partie s'enlise un peu dans une relation tendue mais pas très intéressante dans laquelle interviennent un chauffeur belliqueux et un ancien adopté de la nouvelle mère. Ce marivaudage autour de la jalousie manque à mon avis d'un peu de piment. Mais cette jeunesse dorée, à l'apparence dessalée, a-t-elle vraiment envie de se brûler les ailes ? Il semblerait que non, préférant un léger tremblement de l'échine au grand frisson de l'interdit.
De charme, cette BD n'en manque pourtant pas. Tout d'abord le scénario laisse la place, en toile de fond, à une description minutieuse de la grande bourgeoisie.
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