Je le dis d'emblée, je n'ai jamais été fan du cinéma de Mr Desplechin. "Les fantômes d'Ismaël" confirment que je ne parle pas et ne parlerai jamais le "Desplechin" comme se plaît à dire le réalisateur. Je n'arrive pas à m'intéresser aux méandres de sa biographie éclatée et redigérée de film en film, à cet amoncellement de références qui plaisent tant aux fans énamourés, en vrac ses histoires familiales, ses personnages récurrents auxquels il apporte une nouvelle facette à chaque fois, créant ainsi une oeuvre que beaucoup jugent subtile et passionnante car agrémentée de thèmes ou de variations comme le romanesque exacerbé, la dépression, le politique, l'intime, la judéité, la création, la vieillesse, la pétanque ( heu, non, je m'égare...). Sur le papier, cela apparaît diablement passionnant, mais à l'écran entre une hystérie toujours tapie au coin d'une scène, de nombreuses pauses artistiques et un montage tarabiscoté, l'effet produit chez moi est surtout de l'ennui.
Le film débute par un repas de diplomates, se poursuit par une pénible scène dans un intérieur parisien où un vieux monsieur fait un cauchemar, puis s'aère à Noirmoutier, où Amalric et Gainsbourg passent des vacances pépères jusqu'à l'arrivée de Cotillard de retour après 20 ans d'absence et venue ingénument récupérer son mari. Dès le premier quart d'heure les dialogues les plus improbables entendus depuis des lustres mettent à mal une histoire déjà foutraque, posant le film sur des rails dont le spectateur ne perçoit que le grincement des aiguillages. La suite ? C'est un festival de scènes qui partent souvent en live, maniérées ou passablement confuses. D'une ambiance prétendument romantique en un quart de seconde on passe à l'hystérie puis parfois à un soi-disant burlesque qui sied au réalisateur comme un chapeau mexicain sur la tête d'Edouard Balladur ( Je sais, c'est sa marque de fabrique, mais je ne m'y fait pas...) Les comédiennes essaient de prendre un air concerné en débitant leur texte ampoulé et naze. Charlotte Gainsbourg ferraille dur avec une caméra qui la filme mochement et dont le regard semble se demander ce qu'elle fait là. Marion Cotillard arrive à illuminer un peu son personnage même si l'on ne croit pas un instant qu'elle comprenne réellement ce qu'elle dit. Hippolyte Girardot hérite d'un rôle de producteur paré de tous les clichés possibles et surjoue un personnage digne d'un film de Philippe Clair ( mais le film s'ingénie aussi à citer Hitchcock, Bergman, Truffaut, Van Eyck, Pollock, bien plus chics). Seul Louis Garrel semble s'amuser, ayant sans doute compris que dans ce galimatias de situations ineptes, prendre la tangente de la dérision était la seule façon possible de s'en sortir honorablement.
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