J'aime le cinéma français, mais pas quand il sombre dans sa propre caricature. Car ici on tombe assez vite dans tout ce qu'il y a de plus cliché avec ce drame familial à la mords-moi-le-nœud.
Ce n'est qu'il y a quelques temps que j'ai découvert Desplechin avec son Rois et Reine que j'ai trouvé tout bonnement sublime. On imagine bien alors l'enthousiasme qui pouvait être le mien à l'idée de retrouver ce personnage d'Ismaël Vuillard qui m'avait tant fasciné. Mais à grand espoir répond souvent lourde déception... Je pense d'ailleurs à ce moment-là au monsieur qui à côté de moi s'est "endormi d'ennui" et à qui il a fallu que j'explique la fin de l'histoire.
Nous voici donc emmenés à observer la naissance d'un amour entre les personnages d'Amalric et de Gainsbourg suivi par le retour plus qu’inattendu de la première femme du personnage d'Ismaël jouée par Marion Cotillard. A cela se mêle la construction d'un film d'espionnage sur lequel travaille le personnage principal et faisant appel à l'univers développé dans plusieurs films par le réalisateur, dont son Trois souvenirs de ma jeunesse.
Le gros reproche que j'ai à faire ici consiste à penser que tout cela n'est pas très miscible ou en tout cas que le mélange de se fait pas harmonieusement. Le passage d'un registre à l'autre ne me pose pas de problème en soi (j'ai bien mis 9 à Rois et Reine...) mais c'est ici accompli d'une façon maladroite et in fine que je trouve assez ratée.
Cela n'empêche pas au film d'avoir des fulgurances, notamment sur les passages de délires qui collent si bien à Mathieu Amalric mais en contre partie il m'a fallu aussi supporter ces disputes atroces issues du sempiternel triangle amoureux qui ne m'ont pas beaucoup passionné ici. C'est d'ailleurs dans ces moments que l'ensemble paraît le plus forcé, le moins naturel, avec ces reproches appuyés par un flot d'insultes qui ne sont rien moins que bien jouées.
Au sujet des acteurs, Amalric et Gainsbourg n'offrent pas une performance exceptionnelle (et même au-delà de ça, comme je l'ai déjà souligné, fausse parfois) et Cotillard conserve sa diction coutumière mais adopte des manières physiques qui collent très bien à l'aspect fantomatique de son personnage.
Enfin, au sujet de la fin, je me contenterai de dire qu'elle est tout ce qu'il y a de plus convenu. C'est donc une œuvre au bord de l'eau connaissant des hauts et des bas, métaphore du festival dont elle fait l'ouverture en somme.
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