Major fatal (1974-79)

Pourquoi cette version de Major fatal mérite le 10/10, alors que les éditions suivantes, rebaptisées Le Garage hermétique, non ?
Parce que cette version est complétée en introduction par une belle illustration (qui sert de couverture à la nouvelle édition de Chroniques métalliques) et surtout par les courts récits burlesques et surréalistes du Major Grubert parus entre 1974 et 1977 ("The Forbidden City Rides Again" (1975), "Une aventure du major Grubert" (1975), "La Flore de Paradis 9"/"Paradise Nine's Strange Flowers" (1977) et surtout "La Chasse au Français en vacances" (1974) ) qui font de ce bouquin une quasi-intégrale du Major*.
Ces petites histoires ont effectivement le mérite de placer le lecteur en bonne condition pour aborder "Le Garage hermétique" (dont "Major fatal", récit en 13 planches, donne un avant goût), tandis que dans les dernières versions de l'album sans les récits courts, on peut plus facilement décrocher si on commence sans ces petites touches de légèreté introductives.
Et puis, autant le dire tout net : si vous possédez ce bouquin au format normal et plus pratique, il est inutile de se procurer Les Vacances du Major (édition actuelle en grand format noir & blanc), dont quasiment les seules histoires valables sont justement celles qui figuraient à l'origine dans ce Major fatal.

Contrairement à l'idée, teintée d'appréhension, que l'on s'en fait avant d'entamer la lecture, les courts épisodes successifs du Garage hermétique sont liés les uns aux autres. L'univers - les univers ! - créés par Mœbius sont riches et fascinants. Les personnages, dont on ne sait finalement rien et dont on n'apprend pas grand chose non plus, sont pourtant sympathiques et on les suit dans leurs pérégrinations sans avoir à faire d'effort. Il y a une légèreté toujours rafraîchissante à suivre ces parcours non tracés d'avance, et sans qu'il y ait de suspense ou d'enjeu véritablement compréhensible, on parvient sans peine à plonger dans ce monde plein de nonsense.

Cet album est un objet à découvrir, ne serait-ce que pour sa liberté de ton stimulante et rafraîchissante, mais n'est pas forcément à conseiller en première lecture à quelqu'un qui voudrait découvrir Jean Giraud ou Mœbius en particulier. La version en couleur est satisfaisante, car elle donne une lisibilité plus immédiate des cases, peut-être un peu moins évidente dans la version noir & blanc. Mais cette dernière est la plus belle, et donc la meilleure.

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*: Il manque cependant "Une planche" (1976) et les plus tatillons ajouteront aussi "Les Merveilles de l'univers" (1974), les deux premières pages de Mœbius évoquant le personnage.