Je vous l'ai déjà dit ? L'univers de l'onirisme de manière général, de la projection spirituel et de l'imaginaire sont des univers qui me touchent et qui me parlent particulièrement.
Il suffit de voir mes différents TOP 10 pour s'en rendre compte, on peut y voir : inception, the fountain, requiem for a dream, big fish, sandman, akira, scott pilgrim, black swan, des œuvres de lovecraft, braid, fez, Louie, paranoia agent, sucker punch...
Toutes ces œuvres ont pour point commun d'avoir au minimum à un moment ou à un autre des épisodes sur la rêverie, l'imaginaire, du sommeil ou la limite floue de la réalité pas toujours clair et définie quand ce n'est pas carrément toute l’œuvre qui tourne autour de ces sujets.
Nubo, Le gardien nuage, est une BD que j'ai fièrement financée (grâce à MyMajorCompany) sans même avoir regardé une seule seconde de quoi elle me parlerais, car j'aime me faire des surprises. J'aime des fois ne rien savoir sur ce que je m’apprête à lire, à voir ou a jouer, ça me permet de me fier uniquement à l’œuvre en dissociant toutes formes d'attentes. Mais aussi car le style de son dessinateur me plaît et qu'il ne me fallait, au départ, pas forcement plus pour aider ce talentueux dessinateur.
En ouvrant la BD je ne m'attendais pas à ce qu'elle me parlent de mes thèmes favoris. En ouvrant la BD je ne m'attendais pas à cette fraîcheur. Je savais que son auteur était talentueux, mais c'est tout. Ces petites pages auraient pu être dessinées à la va vite, avec un style quelconque en sous utilisant mon thème fétiche en me racontant quelque chose de simple, voir de déjà vu. Non. Ce n'est ici pas le cas, même si je dois quand même avouer que j'ai eu un peu de mal avec le début que je trouve légèrement cliché dans sa manière d'introduire le récit. C'est donc de manière assez banale que commence cette BD pas banale du tout.
On sent que l'auteur s'est fait plaisir mais pas que... L'histoire n'est qu'à son début (tome 1 oblige) mais les bases sont bien posées, de manière solide, avec des personnages différents et une intrigue mystérieuse à souhait qui donne envie.
L'univers, je vous en déjà parlé, c'est celui du rêve, mais sous un angle assez nouveau. Teinté de surréalisme, d'étrange, d'absurde, d'humour et de mystère. On ne sait pas trop dans quel monde on se situe, si les créatures et ces pouvoirs bizarres sont réelles et c'est volontaire car tout n'est encore que mystère à ce stade du tome 1. Mais dans la forme c'est traité avec brillot. Le rythme est parfaitement maîtrisé on ne s'ennuie jamais, l'action est bien retranscrite. Des petites idées folles viennent surprendre le lecteur dès le début.
(comme ces petites affiches au début qui font échos avec ce qui se passe dans la case, ou cette interlude bonstresque pertubante mais drôle)
Les cases transpirent le dynamisme et certaines planches sont très bien mises en page de façon original et esthétique (une petite pensée pour Sandman sur certaines planches).
Vous allez me dire "mais elle est parfaite alors cette bd, connard" (oui car quand on me parle on me dit souvent connard) et je vous répondrais : "Pas tout à fait".
Les dialogues sont un peu le point faible de la BD, pas qu'ils ne sont pas utiles au contraire, mais sont un peu "naifs" et surtout ils nous prennent de temps en temps trop par la main pour nous expliquer de manière appuyé certaines choses. Je grossis le trait mais c'est comme si on lisais "zut je tombe" quand on voit un mec tomber.
(comme le passage sur les rêvssages qui est à mon sens un peu trop maladroit)
L'écriture de ces dialogues est pas des plus joliment tournée et certains passages gâche un peu la subtilité du reste. Bref c'est un peu écrit avec des gros sabots, l'auteur avait trop peur d'être incompréhensible sans doute...
Le deuxième petit point négatif concerne certaines cases qui semblent légèrement bâclés à cotés des autres, mais elles sont assez rares.
En dehors de tout ça c'est super et je dois rappeler que le style est vraiment d'une nouveauté et d'un rafraîchissement plus que bienvenu dans le milieux de la BD f-b. Tout le monde n'aimera pas, mais c'est agréable de voir un dessin qui prend son aise, son style, qu'il soit décomplexé et qui se laisse aller à pleins de fantaisies.
Au niveau des influences/références ont notera un certain lovecraft ou un certain akira par exemple. Que ce soit volontaire ou non certains moment y feront penser. Mais c'est si subtilement digéré et réutiliser "à la sauce bishop" que c'est un vrai plaisir.
Alors, ici on parle de rêve, de sommeil, d'aura spectral, de monstres etc... C'est utiliser de manière intelligente et différente tout en étant réussi. Ce qui n'est pas un pari facile à tenir en vu des œuvres qui surfent sur cette vague qui sont souvent ( à mon avis ) des chefs d’œuvres, mais pas toujours. Certains se vautrent dans la facilité du "ce n'était qu'un rêve" et ne déloge jamais de cette idée basique et sur-utilisée quand ce n'est pas pour simplement plagier (ou copier en maquillant à peine) les chefs d’œuvres sus-citées. Ce n'est pas le cas ici heureusement.
Ce que je peut dire c'est que cette BD se mange très vite, trop vite, l'univers dans lequel nous somme immergés, on ne veut pas le quitter comme un joli rêve qui s'écourte trop vite. On veut la suite...
Pour une première BD on peut faire difficilement mieux que ça. Peut-être dans le prochain tome ?