Obaka-chan par Ninesisters
C'est bien connu : en France, pour percer sur le marché du manga, il ne faut surtout pas faire dans l'originalité ; ou alors, communiquer autour de ces titres originaux, et tenter de viser un public autre que le lecteur habituel de manga, lequel semble se complaire dans les clones et les "bonnes vieilles recettes". C'est particulièrement vrai pour les shôjo, ou toute série sortant de la comédie romantique lycéenne peut s'attendre à un échec si mal accompagnée par son éditeur. Quand ce-dernier ne décide pas tout simplement de ne surtout pas présenter la série en question comme un shôjo, par peur d'un côté de se priver d'une partie du lectorat et de l'autre de décevoir ceux qui attendraient, justement, de la comédie lycéenne. Obaka-chan est parfaitement représentatif de cette volonté de ne surtout pas sortir des clous, en proposant un produit standardisé.
Obaka-chan, c'est l'histoire d'une fille qui n'a aucune chance de se trouver un mec, car elle manque de douceur et ne sait pas cuisiner. Un thème assez puant à la base, qui nous prouve une fois de plus qu'au Japon, certaines mentalités ont la vie dure, et que les femmes mangaka restent parfois les plus sexistes. Heureusement, même si l'héroïne va tenter de changer pour trouver un petit ami (sic), son véritable caractère va chercher n'importe quel prétexte pour refaire surface.
Enfin ça, c'est l'impression que donne ce manga au début. A ce titre, le premier tome passe relativement bien. Nous retrouvons des personnalités extrêmement caricaturales de la comédie romantique lycéenne, mais Neiro reste là pour dynamiser un peu l'ambiance. Donc même si cela manque d'originalité et qu'il se trouve aisément mieux niveau dessin, ça passe. Rien d'exceptionnel, mais ça passe.
Par contre, par la suite, ça se gâte sérieusement. L'héroïne commence à avoir du mal à s'affirmer face aux deux mâles de service, et évidemment ce retrait du seul atout de ce manga pèse énormément dans la balance. Nous entrons dès lors dans une suite de clichés, et les défauts de ce manga n'en deviennent au passage que plus visibles. Ça ne passe plus.
Une fois le soupçon de magie dissipé, Obaka-chan apparait sous son véritable jour : ce n'est jamais qu'une comédie romantique lycéenne de plus. Et pas une des meilleures de surcroit, loin s'en faut. Dans un marché où des titres similaires se trouvent à la pelle, celui-ci ne mérite absolument pas plus qu'un autre que le lecteur s'y attarde, à moins d'être inconditionnel du genre et fortement en manque. A part ça, non, je ne vois pas qui ce manga pourrait intéresser.