J'ai passé mon adolescence dans une ville comprenant un lycée technique Reiser. C'était une ville coco, sous le règne de Mitterand, le séducteur qui utilisait les services secrets pour intimider les journalistes et mettait les actrices sur écoute, celui auquel échut d'opérer avec douceur le même virage économique que Thatcher, la « déconstruction » (pas vraiment un domaine examiné par la « french theory ») de la sidérurgie et des mines (pas de regret, c'était pas une activité très saine – laissons ça aux pauvres de Chine). Sympa, donner à un établissement scolaire français, soit une version mixte de l'armée (sauf dans le cas de ce lycée, pas très prisé par les filles), le nom d'un anar – Reiser était membre de Hara Kiri, le magazine iconoclaste chapeauté par le vétéran de la Corée, Choron.
Je croyais que j'aimais pas les comic strips.
En quelques cases, Reiser expose des analyses bien senties de la société, plutôt qu'en plusieurs tomes de socio-économie verbeuse et tarabiscotée qui fait scientifique quand on est payé pour jouer ce rôle là.
Exit les calembours rances de papa. Reiser était un poète. Un exemple.
Un cul-de-jatte rentre chez lui. Son chien l'accueille en portant dans sa gueule des charentaises - un panneau indique : « Chien méchant ».
Depuis la rédaction de ce texte, on m'a appris que Reiser était né à Réhon, patelin où mon paternel bossait pour Usinor (la défunte sidérurgie). D'où le nom du lycée du coin.