Par le pouvoir des dessins animés par Christine Deschamps

En préambule, il me faut préciser que je n'ai lu que très peu de mangas dans ma vie. Par manque d'appétence, principalement, de temps et d'occasions, pour le reste. Mais j'ai été biberonnée, comme beaucoup de quinquas, aux premiers dessins animés venus du Japon, dans lesquels les personnages couraient sur leurs petites jambes toutes raides, certes, mais en ouvrant joyeusement des pans entiers de notre imaginaire. Tous intergalactiques. A Candy près, que je regardais un peu par défaut, seulement vaguement intéressée par des histoires de prince charmant qui ne projetait même pas de rayons fluos par les narines. Mais bon, je connais encore le générique par cœur, c'est un signe, ainsi que ceux de Cobra, Musclor, Albator, Goldorak et autres héros testostéronés qui ont fini par me lasser à force de stéréotypes. Par contre, ces derniers temps, j'ai vraiment apprécié leur retour à la sauce "les vieux pots font les meilleures soupes", comme par exemple le film en images digitales Albator, une vraie réussite, ou le très, très recommandable album de BD français Goldorak. Nous sommes devenus auteurs, pour certains d'entre nous, et nous reconnaissons ce que nous devons aux importations japonaises des années 80. Tout en admettant également leurs limites, qu'il devient vraiment stimulant de repousser à présent que nous pouvons nous emparer de nos propres outils de création. Elsa Brants fait partie de ce mouvement d'acculturation qui oscille entre révérence et impertinence, dans ce manga qui respecte la forme traditionnelle du genre (en se lisant depuis la quatrième de couverture) tout en se mettant en scène elle-même dans un jeu de miroirs assez drôle. De la petite fille qui roulait ses parents dans la farine pour s'enregistrer toutes les séries animées qui lui étaient interdites à l'autrice française publiée au Japon, elle déroule son parcours de fan absolue avec humour, nostalgie, autodérision parfois et fraîcheur toujours. On la suit volontiers dans son délire d'enfant poussée en graine qui n'a jamais lâché l'affaire et continue aujourd'hui encore à aimer se déguiser dans les conventions, tandis qu'elle initie ses propres enfants à cette culture populaire exotique qui s'est propagée dans le monde entier. Une autrice que j'ai découverte avec plaisir lors du premier festival de BD de Tonnerre et avec qui il est vraiment facile d'entrer en résonance, même si, je me dois de le confesser, je reste plus 'comics' que manga (je laisse Miyazaki en dehors de la discussion pour suprématie absolue, de toute façon, il est hors catégorie...).