Complexités administratives contre qualité de vie décente

Dernière lecture en date permise en ce 11 Novembre, jour férié comme on n'en connaît tant en France. Car ce beau pays qui est le mien ne connaît pas seulement les laborieuses démarches administratives, et l'on n'a sûrement que trop peu conscience de la chance que l'on a d'y vivre.


Je tiens tout d'abord à remercier Lecthot qui est à l'origine de la découverte, et sans qui je n'aurais probablement jamais eu l'audace de sortir des sentiers battus. Audace car je suis plus du genre à aimer les classiques (oui oui, c'est vieux ouvrages poussiéreux étudiés au collège et au lycée que vous trouvez, pour la plupart d'entre vous, si ennuyeux) que les nouveautés. Mais je travaille vraiment dessus, promis ! Audace également parce que je suis assez peu souvent attiré par le genre de la Bande-Dessinée, à tort bien entendu. Enfin, audace puisque j'avoue avoir un point de vue occidental, européano-centré surtout, et ça me fait du bien d'être un peu remis à ma place.


Grande première, belle surprise en somme.


Si je remercie Lecthot, c'est parce que je suis membre de leur site internet en tant que lecteur, et que pour me récompenser de ma participation active, ils ont eu la gentillesse de me faire parvenir un colis-surprise contenant cet ouvrage et des produits dérivés qui m'ont franchement plu. Aussi, il m'a semblé important de donner mon avis sur ce livre, et de faire un peu de publicité pour cet auteur encore trop méconnu.



UNE RÉALITÉ ON NE PEUT PLUS ACTUELLE.



La tension géopolitique et sociale n'a jamais semblé aussi sensible que ces quelques derniers mois pour ce qui est de l'immigration. Il n'est pas ici question d'en faire l'apologie ou la critique, ni d'organiser un débat autour de cette problématique, mais bien d'en montrer la représentation très actuelle qu'en fait Neyestani dans son Petit manuel du parfait réfugié politique.
« Manuel ». Le terme lui-même renvoie à ce besoin évident de faire avancer le problème et de trouver des solutions face à des situations périlleuses, alambiquées voire absurdes. Un manuel qui montre la densité et la présence de l'enjeu dans l'actualité. Avec l'ouverture très récente de l'Europe aux réfugiés syriens notamment, ces questions submergent les ondes, sont sur toutes les lèvres, et toujours d'un point de vue européen.


Neyestani permet ici d'en faire un retour avec la vision de celui qui arrive, en l'occurence d'Iran. Et c'est par sa surprenante clairvoyance qu'il nous confronte à l'envers du décor. Celui qui a tout quitté pour trouver refuge, celui qui a laissé sa patrie d'origine, qui perd totalement son identité, arraché de sa terre natale et de ses repères. Mais le temps n'est ici pas à l'écriture larmoyante, mais plutôt à la narration d'un parcours semé d'embûches...



REPRÉSENTATION SATIRIQUE D'UNE RÉALITÉ.



Sous le trait de l'humour, n'en reste pas moins soulignés la folle aventure et le véritable parcours du combattant pour prendre pleine possession de ses droits. J'avoue n'y connaître personnellement pas grand chose puisque n'était pas moi-même confronté, de près comme de loin, au statut de réfugié politique. Et par de jolies illustrations, amusantes et efficaces à la fois, l'absurde prend tout son sens.


L'administration française est un fléau. Et quiconque a déjà eu affaire à elle (c'est-à-dire nous tous je présume) le sait à ses dépends. Je tiens cependant à revenir sur ce propos. Car il faut nuancer un peu l'idée qui est émise : l'empire administratif français est chaotique, mais il ne l'est pas seulement pour les réfugiés politiques. Il peut évidemment paraître encore plus incompréhensible et éprouvant pour une personne étrangère au système, alors que nous sommes plutôt accoutumés à cette hasardeuse quête des démarches en tout genre, nous les français.


Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai été confronté à ces stupides ambiguïtés « paperassariales » au sein de l'Université de la Sorbonne que j'ai intégrée en Septembre dernier. Passer d'un bureau à un autre, changer de département, être reconduit dans un autre secrétariat, attendre, revenir plus tard, constater un manque de compétence évident, devoir renvoyer d'éternels documents supplémentaires, trouver un autre service, et ne pas toujours obtenir gain de cause. C'est ''heureusement'' la même chose pour tout le monde, tout le monde les pieds dans le même plat. Je dis ''heureusement'' car ça nous met sur un pied d'égalité, une sorte de justice qui rend tous nos sorts similaires, sans distinction aucune.



UN PAYS. UNE CHANCE.



C'est bête, mais Neyestani m'a vraiment permis de prendre du recul, et de me rendre compte de la chance que j'avais d'être français, de vivre ici. Il faut quand même voir un peu le bon côté des choses. On vit des temps de troubles certes, on manque d'argent (surtout quand on est jeunes ; et après aussi), on manque de chance, on grogne après la politique et le chômage. Oui. Ce sont des causes qui méritent d'être défendues, becs et ongles même, je n'en retire rien.


Mais en tant que français, en tant qu'européen, on se doit de faire preuve d'un minimum de conscience à l'égard de notre situation privilégiée. J'ai la chance de pouvoir me soigner, de pouvoir manger à ma faim (la plupart du temps), de pouvoir étudier (gratuitement, et librement), de vivre dans une ville et un pays qui me donnent accès à la culture, à l'enseignement, à la santé, et à la liberté. Et il suffit de penser aux événements de janvier de Charlie Hebdo, ce dont nous parle également Neyestani en tant que dessinateur de presse, pour constater à quel point l'équilibre est précaire, que tout peut s'écrouler d'un moment à l'autre. Et pour éviter cela, il faut préserver, et surtout apprécier.


Merci donc à l'auteur, de m'avoir fait prendre conscience, par contraste avec d'autres bien plus malheureux, de la chance, mais surtout du devoir qui m'incombe d'être citoyen français.


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FlorianAubert
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le 9 juil. 2016

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