Ce qui frappe à la lecture de PHIL, une vie de Philip K. Dick, c'est la volonté de Laurent Queyssi de livrer à son lecteur une sorte de vulgarisation littéraire de l'icone Dick, comme certains scientifiques rendent accessibles aux béotiens des théories compliquées, non pas par simplification mais par la peinture judicieuse de grandes lignes maîtresses, donnant au lecteur une base saine sur laquelle appronfondir ou broder autour du personnage de Philip K. Dick.
Ainsi, le portrait de l'auteur de Ubik est-il limpide, fluide, pertinente, sans concessions, qui cherche - et parvient, à capter l'homme sans le " complet brouillé " que d'autres se sont plus à lui faire enfiler. Il n'est cependant pas question non plus d'établir ou de rétablir une vérité, juste de dresser un point de vue (mais très documenté) d'un auteur sur un autre auteur sans jamais tomber dans le romanesque ou le sensationnalisme facile. On est aux antipodes de la démarche d'un Emmanuel Carrère, et c'est une des forces de cette BD.
D'ailleurs, le post-scriptum de celle-ci aurait, à mon sens, mérité de figurer en prémisse du récit tant Laurent Queyssi s'y livre à une réflexion synthétique passionnante sur son travail sur Dick et sa portée.
Il témoigne aussi de l'affection qu'il a fini par éprouver pour son sujet, et qui transparait en effet tout au long de cette histoire de Philip K. Dick, quelqu'un de pas forcément " aimable ", mais d'attachant et de touchant, un génie littéraire troublé et troublant.