Nouveau manga de Takeshi Obata et Tsugumi Ohba, auteurs des prestigieux "Death Note", "Bakuman" ou encore "Hikaru no Go", "Platinum End" avait de quoi attiser la curiosité. D’autant que celui-ci se présente comme une sorte d’antithèse à "Death Note", l’histoire mettant en scène non pas des dieux de la mort mais des anges et troquant son thème de la peine de mort contre un éloge à la vie et au bonheur avec pour dénominateur commun la justice morale. Cette opposition se perçoit aussi sur les couvertures à dominance blanche contre le noir. L’intention semble donc claire, apporter une nuance au propos précédemment établi, c’est une suite spirituelle en quelque sorte. Malheureusement si l’idée semblait pour le moins prometteuse l’exécution laisse clairement à désirer.
Le scénario part d’une base assez simple, trop peut-être, en résumé :
Dieu décide d’abandonner son poste et charge ses 13 anges principaux de lui trouver un digne héritier mais les élus se livreront rapidement à un affrontement sanglant pour obtenir le trône divin.
Naïf et dépourvu de subtilité, le manga est pourtant plein de bonnes intentions avec son scénario engagé abordant des thèmes comme le suicide ou encore le harcèlement scolaire et la discrimination sociale qui sont de véritable fléau de société au Japon.
Mais c’est peut-être là qu’est tout le problème, le manga délivre assez mal son message, plutôt que d’être porteur du récit celui-ci devient véritablement envahissant avec son héro insupportable qui nous balance des tirades mielleuses sur le bonheur et le don de la vie à chacune de ses prises de parole… Et le paradoxe qui le tiraille constamment entre :
1-tuer pour survivre et protéger ses amis
ou
2-prendre des risques énormes quitte à faire des sacrifices pour ne pas tuer ses ennemis car « tous le monde a le droit d'avoir une seconde chance »
a bien du mal à convaincre dans ces interminables scènes de bataille. Les règles du jeu auraient au moins pu corriger le tir en créant de la tension mais la encore les situations manquent cruellement de complexités et de rebondissements pour susciter l’intérêt, on est loin, très loin de ce qui faisait le charme de "Death Note". On sent que les auteurs ont écrit au fur et à mesure sans avoir suffisamment réfléchit la chose au préalable et cela donne lieu à des longueurs ou les situations peinent à évoluer ou se débloquer comme durant les tomes 5 à 8 qui en deviennent insupportable à lire. De plus les scènes d’action sont parfois assez mal mises en scène rendant les combats brouillons.
Au final le manga semble creux, ce que j’ai lu en 9 tomes aurait put se faire en 4. L’histoire avance trop rapidement au début et ralentis brutalement par la suite, il y a un gros problème de rythme. Exemple, il y a une tueuse en série qui apparaît vers le début de l’aventure (tome 3), elle est certes un peu cliché mais aurait pu être développé et approfondis, malheureusement elle sera réduite à un simple outil scénaristique superficiel. On peu aussi citer le héro qui passe de dépressif suicidaire à philanthrope humaniste dont la détermination à vivre est implacable en ½ tome créant un sérieux problème de crédibilité au récit dès le départ. Pour ensuite s’attarder 3 tomes sur une situation conflictuelle simple comme je le disais plus haut.
Le récit tente quand même quelques éléments de surprise :
dans la relation Saki-Mirai, faire passer Mirai pour un stalker puis Saki qui était resté longtemps muette explose en lui disant qu’elle le déteste
j’ai trouvé ça couillu mais c’est assez vite désamorcé. Au final le seul véritable point fort du manga c’est d'avoir réussi à conclure chaque tome sur un coup de théâtre afin de pousser le lecteur à continuer malgré tout, un pur produit du merchandising…