Que ce soit au cinéma ou en jeu vidéo, je ne suis pas un grand connaisseur de l’horreur. J’en suis pourtant friand lorsque c’est bien fait et raisonnable angoissant (car je flip facilement, il y a des jeux que je serais littéralement incapable de faire). Depuis Until Dawn je suis les productions de Super Massive Games qui m’habituent peu à peu à supporter la peur. C’est ce qui m’a poussé à m’intéresser à Calisto Protocol (et au Remake de Dead Space, n’ayant pas fait cette série ce sera l’occasion parfaite de la rattraper). Le jeu ayant plutôt l’aire orienté action, c’est plus le type d’horreur qui me plait, pas trop survival, plus atmosphérique et environnementale, voilà ce que je recherche, une expérience plus viscérale, en huis clos façon Bioshock. Aveuglé par la réputation/renommé qu’a acquis Dead Space (et la presse très positive dans ses preview), je me suis précipité sur la précommande, convaincu de passer un bon moment sur un jeu qui, certes, n’allait pas réinventer la roue mais me procurerais des sensations que j’expérimente encore rarement dans ce medium. Malheureusement j’étais loin de me douter que le jeu serait aussi décevant…



QUALITÉS


Vous pouvez le constater à ma note et à la taille de ce paragraphe, Calisto Protocol n’a pas vraiment répondu à mes attentes. Non pas qu’il soit purement horrifique, c’est même tout le contraire, le jeu est une promenade de santé dont les rares Jump Scare vous ferons plus exploser de rire par leur ridicule que tressaillir d’effroi (bon c'est pas une qualité mais j'y viens). Et nous le verront par la suite, c’est loin d’être son unique défaut mais tout d’abord, commençons par évoquer ses points positifs. Le jeu est beau (du moins si on ne s’attarde pas trop sur les détails mais j’y reviendrais dans les point négatif). Oui, le jeu est beau, surtout pour un jeu développé sur Unreal Engine 4, mais le jeu est surtout beau grâce à sa maitrise impeccable des éclairages. Pour le coup, je me dois d’applaudir le travail de Striking Distance concernant le soin apporté à la lumière, les effets de particule et la direction artistique générale qui est très réussie, ils ont vraiment fait du super boulot là-dessus c’est indéniable. Qui plus est, le Sound Design est également très soigné avec des bruits d’ambiance très réaliste, de tôle qui craque, de monstre qui court dans les murs, de « boyaux tentaculaire » qui envahissent les couloirs sinueux de cette prison spatiale, on s’y croirait. La bande son fait bien le job aussi. La difficulté est plutôt relevée avec une courbe de progression bien dosé (mais qui montre vite ses limites au vu du bestiaire et de la nullité de ses boss sac à PV). Pour les processeurs de PS5, la dualsens est bien exploité, c’est important de le souligner.



DÉFAUTS


Avec tout ça on devrait se dire que l’ambiance "grand spectacle" est assez saisissante, pourtant il n’en est rien, vue que le jeu foire complètement l’aspect horrifique, tout cela ne fonctionne pas et c’est un vrai gâchis. La faute à des environnement trop cloisonné et linaire pour inspirer le danger ainsi qu’une narration environnementale totalement absente qui ne fait donc jamais appel à l’imaginaire du joueur. Pire encore, le jeu ne prend jamais le temps de la respiration, on enchaine invariablement des conduits et des salles de monstre sans aucune surprise. J’irais même plus loin en vous disant que tout ce qu’il y a à voir a été montré en 2min de trailer, il y a 4 mob différents dans le jeu et aucune véritable jump scare pour vous maintenir sous tension comme je le disait précédemment. La progression redondante devient alors mécanique et le joueur suis la ligne toute tracé avec un désintérêt marqué après la première heure de jeu… D’ailleurs parlons-en de cette « first hour expérience » que les game designer savent cruciale dans l’appréciation générale de leur productions vidéoludique. C’est mou, ce n’est pas intéressant et c’est moche. L'aventure s'ouvre sur une cinématique de 30min entrecoupé d’une petite phase de marche scripté qui ne pose même pas de base au récit, ça n’a rien de passionnant et on y constate déjà les principaux défauts du jeu, à savoir quelques effets assez laids qui dénotent avec la qualité des décors, en particulier les flammes qui ressemble a des incrustation FMV et les fameuses scènes d’exécution qu’on nous promettait révolutionnaire et qui sont finalement ridicule. Mais le pire reste incontestablement les animations faciales digne de la PS2, une synchro labiale totalement à l’ouest et un doublage pas vraiment fameux que ce soit en anglais ou en français. Une VF qui, au demeurant, comprend aussi des passages non traduits et même une réplique en allemand vers le milieu du jeu, un « bug » incompréhensible que j’ai déjà expérimenté quelques jours avant dans The Dark Pictures Devil In Me, à croire que cela va devenir récurrent dans le jeu vidéo moderne… Heureusement ça ne concerne que des dialogues contextuels anecdotiques mais il n’empêche que tout cela entache grandement l’immersion et l’implication du joueur, pourtant crucial dans un jeu d’horreur. Et les quelques 22Go de maj day one n’y auront rien changé…


Déjà là vous devriez commencer à comprendre qu’on est loin de tenir un jeu mémorable mais ce n’est pas fini. Au-delà de cette introduction (+ le réveil en prison qui lance « le récit » à proprement parlé) c’est tout le game design qui me fait penser à un jeu PS3/360 dans ses gimick maladroite. On dirait par moment que le jeu essai d’être un Uncharted like, ce qui est en totale contradiction avec la tonalité du jeu. Surtout qu’il n’en a pas l’étoffe, ni même celle d’un Gears of War ou a fortiori Bulletstorm duquel on pourrait également trouver des similitudes avec le GRP et les exécutions environnementale surtout. Là ou Naughty Dog maitrise l’art de la narration pour rendre ses personnages incroyablement crédibles/attachant et ses univers vivants, Calisto Protocol se contente d’être un couloir scripté vide et sans grandes inspirations ni aucun moteur scénaristique ou commentaires/réactions/dialogues entre les personnages pour rythmer l’ensemble. On a même l’impression de contrôler une coquille vide tant le personnage reste impassible à ce qui se déroule devant lui, ce qui est encore plus renforcé par la platitude du doublage. Et je ne parle même pas de la crédibilité de notre codétenu qui agit comme un Deus Ex Machina puisqu’il semble connaitre tous les codes d’accès de la prison ainsi que son plan détaillé… Aussi comme je le disais il n’y a aucune scène de narration environnementale ni document scénaristique à trouver (juste quelques audiolog totalement sans intérêt et insuffisant pour justifier l’exploration). En fait, on pourrait même presque dire qu’il n’y a aucun scenario tant le jeu fait dans la sobriété et l’économie de mot… En résulte une aventure insipide, relativement redondante et quelques peu longuette. On se contente de nous dire « va la, active ce truc, zut ça ne marche pas, fait donc un détour par ici », c’est très sommaire et les ficelles sont vraiment grossières ; un game design comme on en fait plus depuis la PS3 je vous dis. Pour le dire autrement, The Calisto Protocol est en décalage avec son époque et quand on apprend que le projet était en réalité un prototype de Dead Space 1 refusé par EA et ressortie du placard, on comprend tout de suite mieux pourquoi…


Enfin, concernant le gameplay, rien d’extraordinaire non plus, c’est même relativement lourd en termes de maniabilité (on le sent surtout contre les boss contre lesquels la lourdeur de nos déplacements ou du changement d’arme se fait bien ressentir). La caméra bien qu’assez stable est problématique car trop proche du héro pour offrir une bonne visibilité, surtout quand on fait face à plusieurs ennemis. En outre, les esquives sont une déception car j’avais lu dans les reviews qu’elle s’exécutais à l’aide du Joystick, je m’attendais à quelques chose d’innovent, nous demandant de lire les patern ennemis afin de déduire la direction de nos esquives mais finalement, ce sont des esquivent automatiques comme si on appuyait sur O ou L1. L’équipement est trop lent a amélioré, vous n’aurez clairement pas tout acheté en fin de partie (là encore c’est un problème qu’on ne voit plus depuis la gen PS3/360) et la majorité des armes ne se débloquent que dans la deuxième moitié du jeu, de façon trop ramasser par rapport au début, comme si le jeu a été raccourcis en cours de développement. Le fait de devoir écraser ses ennemis pour looter est également assez chiant à la longue, surtout avec cette caméra collée à l’épaule, qui oblige à faire un mouvement de tête systématique pour regarder à nos pieds ce qu’on vient de trouver dans la jambe du monstre qu’on a coupé à coup de bote (juste pour souligner le ridicule de l’action mécaniquement parlant). Pour finir, le mode photo ne permet pas de déplacement libre et reste collé a notre personnage ce qui lui donne vraiment peu intérêt ; bien dommage quand on a une direction artistique aussi soigné et des filtres plutôt sympas pour une fois.


Si on ajoute à cette longue liste de défaut la politique honteuse de EA qui propose un Season Pass a 28€ pour ajouter un mode de difficulté, un mode de jeu (horde), un DLC conclusif (vue la fin du jeu je devine ce qu’il vont faire et ça risque de pas être fameux) et surtout 12 (ou 18 selon les sources) exécution amputée du jeu de base, il y a clairement de quoi être déçu par l’expérience proposé…



BILAN


The Calisto Proctologue comme l’appel Monsieur Toc avait clairement du potentiel de par son environnement huis clos, la qualité de ses éclairages et la direction artistique soigné que montrait les trailers. Il faut malheureusement reconnaitre que nous avons affaire à un jeu plutôt fainéant dans son exécution, mensonger sur ses ambitions horrifiques et « révolutionnairement gore », très mal fignolé sur ses animations faciales et surtout trop peu intéressant sur le plan narratif pour maintenir le joueur devant son écran pendant 15h dans un couloir scripté au bestiaire limité et sans surprise…

Nixotane
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le 5 déc. 2022

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Nixotane

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