Plutôt sympathique, voire touchant / mignon / choupinou, selon le taux de guimauve dans le sang avec lequel on l’aborde, Poulbots est desservi par une intrigue tellement simpliste que même un enfant de huit ans la trouverait manichéenne : sur fond de misère et d’expropriations, une bande de gamins d’un faubourg de Paris se lie d’amitié avec le fils méprisé d’un promoteur sans scrupules.
Un lecteur adulte sera sans doute plus sensible au fait de retrouver le Montmartre en ce temps-là, que les moins de cent trente ans ne peuvent pas connaître, et quelques incontournables du monde artiste et bohème du début du XX siècle : Poulbot, bien sûr, mais aussi le Lapin agile, Steinlen, la Butte à l’état de friche, Jules Renard ou encore Bibi-la-Purée. Au moins le scénario, intégrant sans artifice ces lieux et ces figures devenus de la mythologie, a-t-il le mérite d’éviter l’écueil pédagogique.
Mais c’est surtout le dessin qui retient l’attention. Tout en couleur directe, comme si chaque case était une aquarelle, il donne envie de se plonger dans Poulbots comme on regarderait les tableaux d’une exposition. (Il est vrai que les dialogues ne valent pas tripette, avec une tendance à la reconstitution lexicale qui n’était pas forcément indispensable.) Magnifiques : je ne sais toujours pas quel propos leur prêter, ni même s’il y a un propos à leur prêter, mais les dessins de Patrick Prugne sont magnifiques.