J’avais apprécié « Mon ami Dahmer » de Derf Backderf, par ailleurs prix révélation à Angoulême. « Punk rock & mobile homes » (publié six ans auparavant) malgré une histoire bien différente, présente de nombreuses similitudes. Des vies dans cette Amérique en pleine crise industrielle, dans des villes anonymes. Suite au succès de « Mon ami Dahmer », il nous est donné la possibilité de découvrir cet ouvrage, publié en France chez Ça et Là pour 150 pages.
« Punk rock & mobile homes » raconte l’histoire d’Otto, adolescent autoproclamé Le Baron, dans une ville perdue de l’Ohio en pleine crise industrielle. Peu d’avenir et de perspectives ici, Otto rêve de quitter la région. En attendant, il vit pour le punk rock et dort dans un parc de mobile homes avec son oncle.
Derf Backderf propose une chronique de l’adolescence ancrée profondément dans les années 80. Le punk explose, portant les espoirs d’une génération pendant que l’économie de la région périclite. Otto s’invente une existence plus passionnante avec un alter ego. Autour de lui, des amis qu’il fascine et impressionne. Cela ne l’empêche pas d’être détesté, voir persécuté.
Quel étrange ovni que ce livre. À la fois très juste dans la description de l’adolescence, complètement barré pour certaines scènes, sombre dans sa vision de l’Ohio, il opère un mélange assez réussi. Hélas, le livre est long, souvent bavard, et Otto finit par fatiguer avec ses grands discours. J’ai eu du mal à me passionner pleinement pour le livre, ce dernier manquant d’un fil rouge marquant. On est dans de la chronique pure et dure : quelques mois avec le Baron qui, petit à petit, devient un homme. J’ai apprécié la lecture sans réellement être emporté. Quelques sourires de temps en temps, mais finalement peu d’émotions.
Concernant le dessin, il est particulier, tout en noir et blanc, façon underground. Dans son style, Backderf possède une patte indéniable. Malgré tout, je n’ai pas été séduit pour autant. C’est sympathique, sans plus.
« Punk rock & mobile homes » est un album intéressant qui explore de nombreux thèmes sous forme de chronique sociale. Très bavard, il présente des longueurs et des redondances qui peuvent lasser au fil des pages. À lire pour ceux qui ont apprécié « Mon ami Dahmer ».