"Tiens, j'avais jamais lu de bd de Joe Sacco" Le nom m'était connu pour être un bon auteur de bande dessinée, bardé de prix, mais je n'avais jamais lu son travail. Et c'est vachement bien, mais, évidemment, comme il s'agit de reportages et de témoignages liées à la guerre ou aux situations conflictuelles, ça n'est pas une bd que l'on lit en sifflotant.
L'introduction du volume est assez révélatrice des angles employés par Sacco pour ses reportages : il est conscient que traiter d'un sujet en bande dessinée sera forcément jugé comme "subjectif." Si Sacco explique l'impossibilité de traiter également les "deux points de vues dans un conflit" on le voit néanmoins tenter de les avoir, que ce soit lors de la Guerre d'Irak, à Ghazza et notamment à Malte où l'on voit que la situation des réfugiés et des sans-papiers s'enlisent sans que personne n'ai vraiment de solution miracle.
Enfin surtout, c'est cette phrase du journaliste anglais Robert Frisk "les journalistes devraient être neutres et impartials, du côté des gens qui souffrent" qui éclaire le travail de Joe Sacco. Les reportages compilés dans ce volume ne sont qu'une succession de gens qui souffrent : les palestiniens qu'on chasse, les Tchetchènes en ballotages entre deux camps de DPI, les paysans iraquiens entrainés par des sergents américains façon "Full Metal Jacket", les immigrés africains dont on ne sait que faire et enfin les indésirables indiens amené petit à petit à la mort. Une forme de fatalisme très triste s'empare de nous à la lecture de ces reportages.
Je n'ai pas parlé du trait de Sacco. Il est très travaillé, avec des visages très différents et une abondance de détails. Assez étonnant pour le monde de la bd-reportage où beaucoup gardent leurs traits rapides afin d'évoquer au plus vite la foultitude de choses qu'ils viennent de voir.