"Tyrone Meehan est Irlandais et militant de l'IRA. Mais il est aussi un traître à la cause : celui qui n'a d'autre alternative que celle de travailler avec les Anglais, dès les années 1980, avant le processus de paix. Fin 2006, âgé de 81 ans, il revient dans la maison de son enfance, à Killybegs, y attendre la fin. C'est aussi le moment pour lui de se raconter, de dire ce que fut sa vie, de l'enfance battue à la trahison qui l'obsédera jusqu'à la fin."
C'est le résumé que j'écrivis lorsque je chroniquai le roman de Sorj Chalandon sur le blog. Rien de tel que de s'auto-citer. Tout le bien et même l'excellent que je pensais de ce roman, je peux le réécrire dans cet article consacré à la bande dessinée tirée d'icelui. Pierre Alary qui réalise cet album n'en est pas un son coup d'essai puisqu'il avait brillamment adapté Mon traître du même romancier. Et d'un coup c'est l'histoire de l'Irlande du Nord qui s'expose à nos yeux, et celle d'un homme, combattant de la première heure de l'IRA, fils de combattant et père de combattant, une légende irlandaise, qui se retrouve piégé, obligé de trahir son camp pour le protéger. Tout ce qui fait la force du roman se retrouve dans la bande dessinée : l'humanité de Tyrone et de Sheila son épouse, les questionnements sur la lutte violente, sur autrui qui combat dans l'autre camp et qui ne peut pas n'être qu'un simple ennemi, qui est aussi un homme avec une famille, ses peurs, ses doutes, sur ce que l'on laisse à ses descendants, sur les moyens pour arriver à une paix durable, ... Tout est là, illustré, dessiné, coloré.
Le conflit fut rude, les haines sont encore tenaces envers l'ennemi mais aussi envers les traîtres, Tyrone en fit les frais. Un roman et une BD excellents. Faites votre choix, ou lisez les deux.