Pierre au pays des merveilles.
Dès les premières pages, j’ai tout de suite pensé à Baudoin. Présenté tout d’abord comme un carnet de croquis, on découvre, écrit de façon manuscrite, ses bouts de pensée, un peu éparpillés et désordonnés, comme s’il laissait sa pensée vagabonder et notait les premières choses qui lui venait à l’esprit. On découvre un trait lourd, tremblant, hésitant, témoignant presque une certaine maladresse, tout en se voulant néanmoins minutieux dans les détails.
Il est là, assis à son bureau, et entre doucement dans une léthargie. Gros plan sur son porte plume, petit objet ramené de Japon représentant une bête. Une bête qui va prendre vie, haineuse, le dévorant pour l’entrainer dans ses tréfonds.
Au fur et à mesure des pages, on entre plus en plus profondément dans les ancres de sa pensé, de ses rêves et de ses peurs. Entièrement au crayon de papier au départ, les couleurs arrivent au fur et à mesure, de plus en plus agressives, violentes et sombres. Les dessins deviennent angoissants, noircissant les mots pour s’exprimer à leurs places.
On se retrouve devant des planches oniriques prouvant une fois de plus qu’on est au cœur même d’un rêve enfoui.
Puis, les couleurs s’éclaircissent, les dessins deviennent plus psychédéliques, plus enfantins, plus gauchers et les mots reviennent petit à petit. On a ainsi l’impression de rencontrer l’enfant qu’il était. Un enfant innocent qui va rencontrer l’univers sombre et angoissant dans lequel il est actuellement. La douceur et la pureté du dessin se voit alors confronté à la noirceur des peurs.
Quelques soit le style, chaque dessin est tellement riche qu’on ne peut s’empêcher de s’arrêter longuement pour appréhender et décortiquer chaque détails. Pierre Duba nous offre un roman graphique riche et intriguant visuellement tout en lançant une certaine réflexion sur la question de la foi, du temps et de la condition humaine.