Sans doute une excellente surprise qui sort des sentiers battus de l’héroïsme en emmenant le suppôt de l’enfer vers de nouvelles contrées, Spawn Undead s’offre un regard sur cette humanité prise à partie par l’enfer et le paradis afin de préparer une guerre sans merci. Des morceaux de vies portés sur les épaules de gens lambdas sont scrutés minutieusement par les forces extérieures qui ne demandent qu’à se nourrir des faiblesses des uns pour accroître leur rang mais un pion surprise a décidé de n’en faire qu’à sa tête afin de redonner le libre arbitre à l’humanité.
Dans cette anthologie d’histoire, le projecteur tombe sur quatre âmes en proie à leur horreur quotidienne et doivent se débattre avec ça et choisir une destinée qui leur semble commode. Spirale de l’alcool pour fuir les problèmes, pacte avec des démons pour échapper à la mort, fantôme du passé inconvenant et secte vendeuse d’espoir, l’intérêt reste fort à suivre par l’écriture de Paul Jenkins qui a saisi tous les enjeux qui accaparent l’homme dans ses croyances, ses faiblesses et sa volonté de s’en sortir. Cela rappelle à quel point, il est facile d’imputer des responsabilités à des puissances extérieures pour dédouaner l’homme de ses propres actions ou de sa situation.
La tonalité sombre l’emporte en laissant ce goût amer à chaque histoire clôturée comme s’il n’en pouvait être autrement dans ce monde perturbé. Mise en page des cadres sur fond noir + incrustation de vignettes pour une dynamique narrative, abstraction des bulles pour un genre de récit illustré des individus, le dessin de Dwayne Turner adhère totalement à cet univers par ses couleurs froides, son ambiance nocturne et ses visages croulant sous les rides intenses mais il rate le faciès de ses personnages en changement perpétuel d’une vignette à l’autre pour le pire (Tom Sloan #1 et Travis Ward #2). Désagréable sans réellement gâcher la lecture, Spawn Undead profite d’un léger réajustement au niveau de son design pour augmenter son taux de terreur avec ses yeux verts semblables à ceux des serpents pour maintenir sa légende de croque mitaine à l’esprit rebelle.
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