Steve Jobs, le co-fondateur d’Apple, était une personnalité hors norme. Visionnaire, passionné, génie du marketing, mais aussi colérique et manipulateur, ce patron charismatique, décédé en octobre 2011 d’un cancer du pancréas, était un gourou pour des millions de férus de technologie à travers le monde. Ses fameuses "keynotes", lors desquelles il présentait de façon savamment mise en scène des nouveautés tels que le Mac, l’iPod, l’iPhone ou l’iPad, ont fait de lui une sorte d’entrepreneur rock-star, capable de déchaîner les passions et les enthousiasmes. Le véritable génie de Steve Jobs était de savoir exactement où il voulait aller et de tout mettre en oeuvre pour y parvenir. En fixant des priorités très claires et en plaçant ses exigences de qualité à un niveau paraissant souvent inatteignable, il a réussi à tirer le meilleur de ses collaborateurs, quitte parfois à les tyranniser ou à se montrer vraiment odieux lorsqu’il n’obtenait pas ce qu’il voulait. Une attitude qui explique sans doute pourquoi il s’est fait virer de sa propre boîte en 1985, ne revenant chez Apple (par la grande porte) que 12 ans plus tard, lorsque la firme à la pomme était en grande difficulté. Entretemps, il en avait profité pour lancer Pixar, un studio d’animation racheté depuis lors par Disney. Au-delà de son fantastique parcours professionnel, le parcours privé de Steve Jobs est lui aussi passionnant. Car à la maison aussi, ce grand fan des Beatles et de Bob Dylan était hors norme. Il suivait ainsi un régime alimentaire végétarien très strict, ne se nourrissant que de carottes et de jus de fruits pendant de longues périodes, était fortement influencé par le bouddhisme et était littéralement obsédé par le design, à un tel point qu’il a longtemps habité dans un appartement vide car il n’arrivait pas à trouver des meubles qui lui plaisaient. Et puis bien sûr, il y a le fait que c’était un enfant adopté, ce qui explique sans doute une partie de son caractère difficile. Il a d’ailleurs toujours refusé de rencontrer son père biologique et a lui-même mis des années à reconnaître qu’il était bien le père de Lisa, sa première fille… Un tel parcours ne peut évidemment qu’inspirer la littérature et le cinéma. Après plusieurs livres, dont la biographie très réussie signée Walter Isaacson, et quelques films, notamment "Jobs" avec Ashton Kutcher, voici donc une première biographie graphique de Steve Jobs. Scénarisée par Jason Quinn et dessinée par l’Indien Amit Tayal, cette bande dessinée passe en revue les principaux épisodes de la vie de Jobs, de son adoption jusqu’à ses problèmes de santé en passant évidemment par sa rencontre avec Steve Wozniak et la fondation d’Apple par les deux hommes. Malheureusement, comme pour le film "Jobs", on est loin du génie de Steve Jobs. Pas sûr que ce dernier, qui était réputé pour son exigence, aurait donné son feu vert à cette biographie plutôt linéaire et scolaire, sans véritable personnalité, ni dans le scénario ni dans le dessin. Certes, cette biographie graphique a le mérite d’exister et elle intéressera sans doute ceux qui n’ont jamais entendu parler de Steve Jobs, mais ceux qui ont lu la biographie de Walter Isaacson n’apprendront rien de nouveau. A noter que cette BD sur Steve Jobs est éditée par 21g, une nouvelle maison d’édition française dont l’objectif est de publier des biographies graphiques réalisées en Inde. Outre le livre sur Steve Jobs, 21g va également sortir des biographies de Nelson Mandela, Martin Luther King et Gandhi au cours de cette année.
matvano
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le 6 juil. 2014

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