Et voilà qu’après deux tomes à traînailler / préparer / anticiper, on se retrouve avec des morts par dizaines ! Tu voulais du Mal incarné, en voilà, qui arrive sans prévenir, qui tape en même temps qu’il parle ! Du sang partout, une armée de méchants, une morsure aux testicules, un carreau d’arbalète qui te ressort par l’œil et un œil qui te ressort par l’orbite ! « La vie n’a aucune valeur pour lui » (p. 142), dit Rick à propos de Negan – et un personnage comme ça, dans un récit d’aventures, c’est un type en or ! À partir du moment où le méchant est imprévisible, la série le devient aussi, donc s’assure pour l’avenir une intrigue libre et intéressante pour quelques tomes au moins – que chaque tome à venir soit intéressant, c’est une autre affaire.


Le sens de la mise en scène de Negan est une autre raison pour laquelle il est un villain parfait, d’entrée présenté comme chef absolu, avec la combinaison – finalement très dystopie eighties – parking désert / blouson en cuir / arme contondante. La double page (p. 84-85) qui précède immédiatement son apparition est muette ; dans le quart supérieur, un bandeau de huit vignettes avec gros plans sur l’équipement, dans ce qui peut sembler un cliché du genre – cf. l’apparition du camion des cannibales dans le film la Route ; en bas un plan moyen qui montre les gentils à la merci des méchants. On entend Negan dans la case suivante. Enfin on le voit, avec les emblèmes (batte et cuir), la physionomie (le fin sourire) et la position (contre-plongée) qui ne cesseront jamais de le caractériser. Voilà pour l’entrée réussie.
Ce qu’il y avait avant n’était pas mal non plus, sans casser trois pattes à un canard : tantôt d’une violence suffisamment ponctuelle pour augurer de la suite, tantôt d’un calme suffisamment plat pour que ça n’annonce pas une tempête.


Ce qu’il y aura ensuite développera : l’explosion de violence, le désemparement, l’annonce d’une ruse. Que Rick change sa stratégie n’a pas grand-chose de surprenant – suite logique des tergiversations qui étaient les siennes dans les volumes précédents. Le doute et la paranoïa recommencent doucement à s’instiller.
Et somme toute, Terrifiant est chargé à ras la gueule, sans délayage : au lieu de repousser d’un volume la capture et la libération de Dwight – comme il ne manquera pas de le faire ensuite – le scénariste remet une couche de suspense en fin d’album.
(Pour le reste on attend toujours cette discussion sur l’œil de Carl que Rick a promise à son fils pour le lendemain à la page 31 du tome 16.)


Critique du tome 16 ici, du 18 .

Alcofribas
8
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le 6 août 2017

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