L'art de l'érotisme

Comme pour ma critique de Love Hina je vais essayer de vous faire comprendre ici le regard si particulier que je porte à ce genre mal aimé du manga que sont les « Romance Pantsu/Ecchi/Harem ».

Pour commencer je tiens a distinguer deux catégories trop sujet à amalgame :

-Les Romances qui mettent en scène un héros tiraillé par le doute dans ses sentiments et avec des valeurs qui vont lui valoir son succès auprès des filles de son entourage au travers de divers chapitres alternant ressorts comiques et séquences émotions. Le fan service reste innocent et est utilisé pour l’humour et pour créer des situations de tensions ou au contraire les défaire, il est inhérent au récit, il a une utilité scénaristique plus ou moins affirmé. C’est le genre que j’affectionne.

-Et les Ecchi, dont l’humour (quand on peut encore appeler ça de l’humour) sert uniquement de prétexte pour dénuder les personnages féminin souvent de manière très suggestive, l’humour est utilisé pour le fan service qui devient totalement gratuit, c’est simplement pervers et décomplexé, à la limite du vulgaire voire carrément indécent parfois…

La distinction est mince et dépend de notre ressentit, étant donné que le fond humoristique et la trame tourne dans les deux cas autour de femmes dénudées et de sous-entendus sexuels, c’est donc une définition tout à fait subjective. Néanmoins j’entends souvent des gens mettre tout cela dans le même panier et je trouve ça regrettable de passer à côté des (rares) bonnes œuvres telles que Love Hina, Rosario+Vampire ou To Love Ru et aussi réducteur pour celle-ci de n’être vue que comme de simple vulgarité sexiste. C’est pourquoi je pense qu’il est important de faire la distinction entre l’érotisme léger et la perversion pure et simple. L’érotisme est un art devant lequel je ne suis pas seulement excité mais aussi émerveillé, cela passe par les dessins, par les mots, les situations et par les sous-entendus provoqués par cette ensemble qui me fascine, ce n’est pas une insulte à la femme, c’est un éloge à sa beauté et à sa force.

J’ai choisi cette œuvre pour vous véhiculer cette idée car justement To Love Ru joue pour moi un peu sur les deux tableaux.

Saison 1 :

L’histoire commence de façon tout à fait gentillette, dans une scène banale de la vie quotidienne, le jeune Rito part prendre son bain en repensant à sa journée d’école et la mignonne Haruna pour laquelle il a bien du mal à déclarer sa flamme. C’est alors que dans un nuage de vapeur apparait soudain une sublime jeune femme vêtue de son plus simple appareil et pourvue d’une étrange queue, elle embarque notre héro dans une course folle contre d’étranges hommes à la force surhumaine (dont elle est également dotée), après un petit combat arrivent les explications, la femme est en réalité une extraterrestre et la princesse de la Galaxie répondant au doux nom de Lala. Elle a fui car elle refuse le mariage forcé et tous les prétendants qu’on lui présente, bien décidée à trouver l’amour par elle-même. Ce message envoyé à son père par le biais de ses poursuivants défaits, elle va dès lors rester sur terre et être hébergée par Rito et sa sœur, apportant bien évidemment pas mal d’ennuis et de doute dans sa vie sentimentale...

C’est un manga que j’aime beaucoup déjà pour ses dessins absolument sublimes (surtout la saison 2), Kentaro Yabuki est l’un des dessinateurs que j’admire le plus, ses traits sont d’une finesse et d’une précision millimétrée, n'en faisant jamais trop, ni pas assez, c’est aussi un grand maître dans l’art de l’érotisme et sa mise en page est parfaite, bref, un régal pour les yeux. Le manga est très drôle, certaines péripéties sont vraiment bien trouvées pour faire naître le fantasme, tout en finesse et en subtilité, je ne saurais pas comment l’expliquer alors je vais prendre un exemple au hasard :
Lors d’un chapitre Rito se retrouve changé en vêtement (oui oui en vêtement) et est porter par Lala, l’intégralité de son corps est en contact avec l’intégralité du corps de l’autre, c’est presque fusionnel, ça parait peut-être bête dit comme cela (c’est évidement mieux présenté dans le manga) mais je trouve ça beau et ça me laisse rêveur… le fantasme subtile je vous dis. Bon bien sûr comme tous les mangas de ce genre 99% du temps les blagues et les poses lascives se font surtout sur des chutes improbables (mais toujours inattendues) cependant cela reste une romance avec ses passages émouvants et ses rebondissements, ce qui le classe pour moi dans la première catégorie bien que ce soit clairement un Ecchi. Car étrangement c'est à ma connaissance le seul de cette catégorie qui ne franchis jamais les limites de l'indécence, c'est pour cela que je le considère vraiment érotique et non vulgaire…

Saison 2 (To Love Ru Darkness) :

Momo, l’une des petites sœurs de Lala est également amoureuse de Rito et elle a remarqué qu’elle n’était pas la seule à être tombée sous le charme de notre héros, et dans le cœur de Rito elle n’est que la numéro 3 derrière Haruna et Lala. Mais voilà, si Rito épouse Lala alors cela ferait de lui le roi de Deviluke et ainsi les lois de sa planète s’appliqueraient à lui, lui autorisant de ce fait la polygamie et permettant à toutes les prétendantes d’avoir ce qu’elles veulent. La machiavélique petite Momo l’a bien compris, si elle veut avoir sa chance il faudra persuader Rito et toutes les autres filles d’accepter le plan Harem !

Malheureusement je pense que dans cette deuxième saison le manga a fini par se perdre dans un nombre trop conséquent de personnages et se voit donc contraint d’en laisser de côté dont Lala qui était pourtant l’un des personnages majeur. La romance est elle aussi trop mise à l’écart au profit des blagues et de la nudité (devenue trop répétitives, donc prévisibles, donc inefficaces et lassantes). Chaque début de rapprochement entre deux personnages est aussitôt désamorcé par une scène fan service random, et le héros en devient inutile, il ne sert que de ressort « comique » et n’a plus tellement de personnalité… C’est dommage car on est plus du tout impliqué émotionnellement, l'intrigue reste intéressante à suivre mais ça manque de saveur. Je suis persuadé qu’il y avait moyen de trouver un meilleur équilibre entre romance et fan service, la première saison s’en sortait très bien. De plus, le manga a voulu allez plus loin dans la suggestivité si bien que quelques scènes deviennent limite dérangeantes. Je pense notamment au fait de vouloir ajouter la sœur de Rito à son harem (inceste) ou la scène où Momo mime une fellation avec une glace, c’est dans un rêve certes mais ça dépasse presque le simple érotisme (d’autant que c’est limite un viol)… Sur la fin de saison, l'auteur avoue lui-même s'être rendu compte qu'il commençait à trop dériver vers la vulgarité et a même décidé de faire une pause avant d'entamé une saison 3 afin de calmer le jeu.

Voilà donc un bilan en demi-teinte mais le manga n’en reste pas moins une bonne œuvre à découvrir si vous êtes un aficionados du genre. C’est pour ma part l’exception parmi les Ecchi, grâce au soin des dessins qui nous épargnent les femmes à la poitrine gigantesque (à part quelques-unes…) et les héros pervers qui n’hésitent pas à se servir des femmes comme des objets (en les plotant pour obtenir des pouvoirs par exemple).

Un petit point sur le sexisme :

Bien évidement je ne vais pas dire que ce n’est pas du tout sexiste ce serait idiot mais je pense qu’il est tout de même intéressant de noter que pour un genre aussi sexualisé c’est tout de même les femmes qui combattent les ennemis et défendent l’homme (c'est également le cas dans Rosairo + Vampire). De plus, pour To Love Ru je rajouterai qu’il y a une volonté à dénoncer le harcèlement (du moins je l'ai pris comme ça), avec le fan club de Momo dans la saison 2 qui est une bande d’idiots lourdingues, ou simplement dans le fait que Rito ne se retrouve jamais impuni pour ses plotages maladroits, tout comme le directeur du lycée.

Du côté de l’animé :

C’est un peu le bazar mais pour une fois ce n’est pas trop mal, contrairement à ce qu’on a l’habitude de retrouver dans les portages animés de manga de ce genre (Love Hina, Negima, Rosario+Vampire, Suzuka, etc). Ici, l’histoire suit relativement bien le manga même si la fin de To Love Ru est très différente et que To Love Darkness n’a pas encore de fin. Les musiques sont sympas et sont en adéquation avec le ton léger de la série. A regarder donc si vous avez appréciés la lecture et qu’une version vidéo vous intéresse.