Tokyo ESP
7.2
Tokyo ESP

Manga de Hajime Segawa (2012)

Hajime Segawa m’avait un peu laissé sur ma fin avec Ga-Rei : La Bête Enchainée, son précédent titre sorti chez Pika. Déjà, car je l’avais découvert après son adaptation en série TV – laquelle narrait en réalité les événements précédant le manga, et s’avérait beaucoup plus mémorable – et car j’avais trouvé qu’il s’agissait d’un sympathique divertissement mais sans tellement plus. Disons que cela ne m’a pas laissé un souvenir impérissable.
Ma relation avec ce mangaka aurait pu s’arrêter là, s’il n’y avait eu une adaptation en série d’animation, dont le premier épisode m’a tout bonnement bluffé. Ni une ni deux, je commande le manga, et j’en ressors avec un sentiment largement plus positif que pour son précédent titre : Tokyo ESP, ça poutre.

Tokyo ESP raconte une histoire dans le fond assez proche de celle des X-Men : celle de personnes dotées de pouvoirs qui les distinguent du commun des mortels, et qui vont à cause de cela se diviser en plusieurs groupes opposés – ceux qui vont utiliser leurs aptitudes pour le bien de tous, ceux qui considèrent que leur supériorité doit les amener à supplanter l’humanité, et ceux qui se contentent d’employer leurs capacités à des fins purement égoïstes. Sauf que nous sommes ici dans un manga, et les différences ne manquent pas : l’origine fantastique des pouvoirs, Tokyo comme toile de fond, un scénario beaucoup plus complexe que cette simple histoire d’opposition qui se dessine au fil des tomes – avec des complots, des manipulations,… – et un mélange plus marqué entre action pure, drame, et humour. Une autre particularité notable : les personnages principaux possèdent tous des facultés à priori non létales.

A l’instar du précédent titre du mangaka, Tokyo ESP peut aisément être assimilé à une sorte de série B du manga : une série conçue avant tout pour le divertissement et le plaisir immédiat. Ce qui ne signifie pas qu’elle est bâclée, comme en témoigne justement son histoire plus complexe qu’il n’y parait au premier abord. Il s’agit d’un manga prenant – bien plus que Ga-Rei : La Bête Enchainée – avec des personnages exubérants mais toujours attachants, et surtout, l’auteur évite bien de nous la jouer « Pays des Bisounours » : c’est la guerre, la terreur, les gens meurent, et parmi eux des civils innocents, ce qui ne fait que renforcer les enjeux. Nous ne sommes pas dans Zankyou no Terror où des terroristes peuvent détruire des bâtiments entiers sans causer la moindre victime : sur ce point, ce titre se veut beaucoup plus crédible, ce qui lui permet de se transformer progressivement en une série moins primaire et insouciante qu’elle voulait bien nous le faire croire.

Une autre particularité de Tokyo ESP, l’auteur l’avoue dès sa présentation : il adore le cinéma, à plus forte raison le cinéma d’action. Et il s’amuse comme un petit fou à truffer ses pages de références. En fait, ils s’amusent surtout avec ses personnages, dont beaucoup ressemblent à des figures connues : Hugh Jackman, John Travolta, Steven Seagal, Gerard Butler (en mode Leonidas),… C’est souvent drôle, et toujours surprenant. Ce qui résume bien ce manga dans son ensemble : le mangaka possède de nombreuses bonnes idées étonnantes, dont certaines s’avèrent absolument hilarantes.
Avec tous ces atouts en sa possession, Tokyo ESP s’impose comme une véritable surprise, et très agréable qui plus est. Un titre rythmé qui se laisse parcourir avec frénésie, et évolue d’un simple divertissement à une œuvre bien plus sombre et élaborée. Avec ses personnages réussis et son dessin percutant, il s’agit à n’en pas douter d’un manga à ne pas manquer, mais qui peine pourtant à trouver son public sur le sol français ; en espérant que la diffusion de son adaptation animée aura réussi à attirer de nouveaux lecteurs.
Ninesisters

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