Suite et fin du premier tome.
Tomino la maudite boucle une page d'histoire du Japon, et à travers ce 2nd épisode, on comprend mieux l'intention de Suehiro Maruo.
Pour commencer quelques éléments biographiques sur le mangaka :
- il est à Nagasaki, 10 ans après l'attaque atomique du même nom ;
- en tant que dessinateur débutant il a été amené à gagner sa croûte en travaillant pour des revues pornographiques ;
- il revendique volontiers le croisement entre tradition nippone (le peintre Utagawa Yoshiiku) et surréalisme européen, que ce soit au cinéma (Cabinet du docteur Caligari,Freaks) ou dans la peinture (Dali, Otto Dix...).
Les lecteurs de Tomino la maudite relèveront aisément la présence de chacun de ces ingrédients, le tome 2 en faisant en quelque sorte la synthèse.
C'est donc autant la portée historique que la poésie du manga qui séduiront, pour peu que l'on sache passer outre la violence et le malaise qui y sont reportés.
A l'arrivée, Suehiro Maruo fait l'objet d'un véritable culte au Japon pour son talent de dessinateur autant que pour celui de conteur.
Pour preuve, Naoki Urasawa a prénommé comme le mangaka l'un de ses personnages dans 20th Century Boys.
A titre personnel, étant fan de Taniguchi, j'ai apprécié :
- le travail sur les décors réalistes et les reconstitutions des ambiances urbaines,
- les "intermèdes symbolistes", qu'ils représentent cauchemars ou pensées psychédéliques des protagonistes,
- une certaine vision réconfortante de l'humanité.
A la fin, malgré la mort deTomino et d'autres enfants, les "monstres" survivants retrouvent un foyer.
Bref, une oeuvre qui prend sa place au panthéon des mangas, aux côtés de réalisations plus traditionnelles dans leurs thématiques, qu'elles traitent de l'Histoire de l'Humanité (Taniguchi, Tezuka) ou d'un monde dystopique (Urasawa, Otomo).
Mais au fond, n'est-ce pas le propre de l'Humanité de vivre sous le double signe de l'Histoire et de la Dystopie devenue réalité. Comme dans Tomino la maudite.