Yue, bûcheron employé par une entreprise chinoise implantée au Congo, fréquente Antoinette malgré l’interdiction faite aux salariés de « sortir avec des filles d’ici ». Amoureux fou, le jeune homme découvre pendant leurs ébats une cicatrice que sa compagne voulait à tout prix lui cacher. Alors que Yue ignorait tout de cette pratique barbare qu’est l’excision, Antoinette lui raconte comment elle a été mutilée et lui confie son souaot de ne jazmais voir sa fille subir le même sort…
Fin de la trilogie africaine de Zidrou et Rapahël Beuchot avec cet album qui fait suite au « Montreur d’histoires » et à « Tourne-disque ». Ici, le sujet abordé est plus grave, dramatique même. L’excision, ce fléau ancestral présent dans nombre de sociétés patriarcales, cette abominable « tradition culturelle » sans la moindre connotation religieuse (il n’est pas inutile de le rappeler), est traitée avec la finesse qui caractérise le scénariste des « Beaux étés ». Une histoire à la fois touchante et sans complexe qui fait mouche en appuyant là où ça fait mal. Sans se focaliser sur un seul thème, Zidrou aborde également la mainmise chinoise sur les ressources naturelles des pays d’Afrique, une nouvelle forme de colonisation violente et destructrice.
Le dessin de Beuchot est lumineux et minimaliste, il représente tout en suggestion les scènes « délicates », rendant de fait les choses encore plus explicites.
Au final, le but est atteint et le lecteur garde en bouche le goût amer d’une légitime indignation. Un album d’une grande force au propos sans concession mais mené avec une vraie sensibilité. Bonus non négligeable, un dossier documentaire en fin d’ouvrage explique de façon très pédagogique ce qu’est l’excision, ainsi que les causes et conséquences de cette effroyable blessure intime.