http://litterature-a-blog.blogspot.fr/2012/04/notre-besoin-de-consolation-est.html

« Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie ne soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux ». Ainsi commence cet inclassable opuscule d'à peine 20 pages. Stig Dagerman, écrivain suédois anarchiste, a rédigé ce texte en 1952. Le propos est d'une insondable noirceur. Où trouver la consolation ? Dans les bras d'une femme ? Dans la compagnie d'un ami ? Dans l'écriture ? Une certitude (pour lui), l'existence est « un duel entre les fausses consolations qui ne font qu'accroître mon impuissance et rendre plus profond mon désespoir, et les vraies, qui me mènent vers une libération temporaire. [...] il n'existe pour moi qu'une seule consolation qui soit réelle, celle qui me dit que je suis un homme libre, un individu inviolable, un être souverain à l'intérieur de ses limites. » Pourtant, Dagerman reste persuadé que la liberté n'est qu'un leurre. « Selon moi, une sorte de liberté est perdue pour toujours ou pour longtemps. [...] Thoreau avait encore la forêt de Walden – mais où est maintenant la forêt où l'être humain puisse prouver qu'il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société. »


Autre constatation lucide : « Rien de ce qui est humain ne dure. » Le propos vise ici à souligner la relativité du temps et le fait que rien, au cours de notre fulgurant passage sur cette terre ne pourra jamais nous apporter une réelle consolation. La conclusion devient alors inéluctable : « Il me semble comprendre que le suicide est la seule preuve de liberté humaine. »

Stig Dagerman s'est donné la mort le 4 novembre 1954. Il avait 31 ans.

Ce texte d'un incroyable pessimisme m'a beaucoup touché. C'est en quelque sorte le testament philosophique d'un homme profondément dépressif (il parle d'ailleurs de la dépression dans plusieurs paragraphes) arrivé à une conclusion inéluctable. L'écriture est magnifique, les arguments avancés sont solidement charpentés et le titre est tout simplement superbe.
jerome60
8
Écrit par

Créée

le 13 avr. 2012

Critique lue 2.1K fois

24 j'aime

jerome60

Écrit par

Critique lue 2.1K fois

24

D'autres avis sur Notre besoin de consolation est impossible à rassasier

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
rubs
10

Critique de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier par rubs

Texte foudroyant pour ma part. On dérive avec les mots comme un bateaux à la mer . C'est l'œuvre d'un homme tourmenté dont il est question, emprise au désespoir. Notre besoin de consolation est...

Par

le 3 oct. 2010

14 j'aime

Du même critique

Dans les forêts de Sibérie
jerome60
8

http://litterature-a-blog.blogspot.com/2011/12/dans-les-forets-de-siberie-calendrier.html

Sylvain Tesson s'est fait un serment : avant ses 40 ans, il vivra plusieurs mois dans une cabane. Direction donc le fin fond de la Russie, sur les bords du lac Baïkal. De février à juillet 2010,...

le 17 déc. 2011

32 j'aime

1

Le Guide du mauvais père, tome 1
jerome60
7

Critique de Le Guide du mauvais père, tome 1 par jerome60

- Papa ! C'est quoi la pénétration ? - La pénétration c'est quand le monsieur est sexuellement excité et que son pénis devient tout dur. Ça s'appelle une érection. Ensuite le monsieur fait entrer son...

le 5 janv. 2013

27 j'aime

1